C'est une famille très largement tournée vers la santé, et l'exercice en équipe. Car dans la famille Roels, il y a Christophe, coordinateur de la MSP Victor Renard à Lille et de la CPTS Sud métropole lilloise ; son frère, Patrice, médecin généraliste au sein de la même maison de santé et président de la CPTS ; sa belle-sœur, Véronique, médecin généraliste à la structure et membre du bureau de la CPTS, et depuis quelques semaines, sa nièce, Camille, médecin généraliste également à leurs côtés.

Et c’est le hasard qui a conduit Christophe à endosser ce rôle de coordinateur d’abord de la MSP puis de la CPTS. Car à l’origine, il est juriste. "J’étais destiné à être avocat pénaliste, confie-t-il. Mais je n’ai pas réussi ma première tentative au concours du barreau. Je me suis alors orienté vers des études de troisième cycle en droit des assurances et j’ai poursuivi dans le domaine." Un secteur au sein duquel il exerce une vingtaine d’années avant de devoir se réorienter à la suite d’un événement personnel. À cette même période, son frère et sa belle-sœur, qui détiennent un cabinet libéral, sont contactés par l'ARS Hauts-de-France pour la mise en place d’une maison de santé. "Ils travaillaient déjà en lien avec les professionnels de santé de leur territoire, et tous ont été intéressés par la création d’une structure d’exercice coordonné", se souvient Christophe Roels.

Mais il leur manquait un coordinateur. "Mon frère, qui savait que je cherchais un nouvel emploi, m’a conseillé d’assister à une présentation du métier, organisée par l’ARS", souligne-t-il. Une opportunité qu’il saisit. "Dans le secteur de l’assurance, je faisais le lien entre des experts et des victimes, donc pourquoi ne pas m’investir sur des projets mettant en relation des professionnels de santé, des patients et des organismes !" C’est ainsi qu’il décide de sauter le pas, et s’inscrit à la formation Programme d’amélioration continue du travail en équipe (Pacte) de l'EHESP, en 2020-2021, tout en rédigeant le projet de santé de la future MSP. C’est le début de l’exercice coordonné en famille, qui aujourd’hui dépasse les frontières de la MSP.  


De g. à dr. : Allan (compagnon de Camille), Camille, Christophe, Patrice et Véronique, à la marche d'Octobre Rose en 2024 - crédit : C.R. 
 


Car parler du travail en dehors des heures de "bureau", "c’est notre culture, admet Christophe Roels. Notre père travaillait beaucoup, et nous avons intégré cette façon de faire. Nous n’avons pas de limite. Dès lors que nous avons quelque chose à faire sur la structure, nous sommes au taquet et disponibles". Un investissement également lié aux indicateurs que les MSP doivent atteindre dans le cadre de l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI). "Les justificatifs sont de plus en plus complexes, il faut donc y consacrer du temps", soutient-il, précisant être aussi le responsable administratif de la SCM.

Pour autant, des limites ont été posées par sa belle-sœur. "Auparavant, on se retrouvait le dimanche, pour discuter de nos projets pour la MSP, des objectifs pour la semaine à venir ou de la SCM… précise-t-il. Mais ma belle-sœur nous a rappelé que le dimanche ne servait pas à travailler." Désormais, ils abordent ces mêmes sujets de discussions, mais autour d’un repas et d’un moment de convivialité.

Cette notion de temps serait d’ailleurs l’un des seuls "freins" à évoluer en famille. "Il faut trouver la juste limite pour que cela ne déborde pas, reconnaît Christophe. Je l’ai compris avec ma belle-sœur : nous avons tous une vie privée et nous ne pouvons pas rogner dessus pour le travail." Depuis les cinq années qu’ils travaillent ensemble, aucune dispute n’est venue entacher leur relation personnelle et professionnelle. "Face à une problématique complexe, on parvient toujours à la résoudre respectueusement", souligne-t-il.  Depuis fin juin, sa nièce, également médecin généraliste, a rejoint la MSP. Elle ne participe pas (encore ?) aux rendez-vous dominicaux, mais "aujourd’hui, elle est convoquée aux réunions pluriprofessionnelles de la MSP car d’ici dix à quinze ans, nous pourrons prétendre à la retraite. On se doit donc d’expliquer à la nouvelle génération, ce qu'on a mis en place", estime-t-il.

 


Dans la famille, bien entendu, tous sont des fervents défenseurs de l’exercice coordonné. "Je ne connaissais pas le secteur, ce n’était pas mon métier, mais je suis aujourd’hui convaincu que l’action coordonnée et la mise en place de procédures permettent de mieux prendre en charge les patients", explique Christophe Roels, également coordinateur de la CPTS. Son frère et sa belle-sœur portent évidemment les mêmes combats.

Aujourd’hui, ils militent pour la mise en place d’actions communes. En 2024, c’est en famille qu’ils ont participé à la marche organisée dans le cadre d’Octobre rose. "Cette année, nous allons y aller en équipe, avec d’autres professionnels de la MSP", rapporte-t-il. Le cancer les a concernés de très près. "La thématique nous lie et nous voulons travailler sur le sujet, tout comme nous souhaitons investir prochainement la question du handicap et de la santé mentale des professionnels de santé", conclut-il.  

 

 

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