"La France est prête à prendre le virage numérique en santé, assurait Olivier Véran le 3 février lors du lancement de "Mon espace santé". Prête pour une révolution qu’elle n’avait pas connue depuis la mise en place de la carte Vitale il y a 25 ans." Avec le lancement de ce "carnet de santé numérique", l’ensemble des assurés sociaux – soit 65 millions de personnes – pourront avoir "la main sur leur santé".

En plus du dossier médical partagé (DMP) et la messagerie sécurisée entre professionnels et entre soignants et patients, la plateforme sera enrichie, courant 2022, d’un agenda médical, regroupant les rendez-vous et les alertes de dépistage et de vaccination, ainsi que d’un catalogue de services et d’applications.
 

Pourquoi "Mon espace santé" et non le DMP ?

Lancé en 2004, le dossier médical partagé (DMP) a séduit à peine 10 millions de Français et 20% des médecins généralistes. Un échec qu’espère faire oublier "Mon espace santé" qui sera automatiquement alimenté des DMP de ceux qui en avaient ouvert un. D’ici fin 2023, le ministère de la Santé et l’Assurance maladie espèrent atteindre 250 millions de documents médicaux envoyés annuellement aux patients dans cet espace "contre 10 millions en 2021".
 

Quel a été le retour de l’expérimentation dans les trois sites pilotes ?

Depuis fin août 2021, plus de 3 millions d’assurés de Loire-Atlantique, Haute-Garonne, et de la Somme ont pu tester le dispositif, indique le ministère de la Santé. Il assure que les premiers retours ont été prometteurs, tant du côté des usagers – moins de 1% se sont opposés à son ouverture – que des soignants.
 

Quid de la sécurité des données ?

La plateforme doit répondre aux attentes du public mais aussi à ses inquiétudes, en particulier concernant la gestion et le stockage des données de santé. Il sera "un véritable coffre-fort sécurisé", a assuré le ministre. Toutes les données seront hébergées en France par les entreprises Atos et Santeos, un "enjeu de souveraineté" pour éviter qu’elles ne soient à terme "gérées par des plateformes étrangères et privées".

 


La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) veillera également au respect des normes éthiques et de sécurité, tout comme France Assos Santé. Thomas Fatôme, directeur de la Cnam, a assuré que "des tests de sécurité, de hacking" sont actuellement menés pour vérifier "que la sécurité est bien au rendez-vous". Il insiste : l’État, l’Assurance maladie, les mutuelles, les complémentaires santé ou encore les assurances ne pourront accéder aux données déposées sur les espaces personnels des patients.

 

Le patient sera-t-il aux commandes ?

Oui, le patient pourra contrôler qui peut accéder à ses données, permettre aux professionnels de santé d’alimenter son dossier, masquer certaines informations personnelles, ou encore vérifier qui a consulté ses données. Il recevra également une notification dès lors qu’un document est envoyé ou modifié dans son dossier médical.


Source : enquête de France Assos Santé, juillet 2021
 

En fonction de la profession de santé, "vous n’aurez pas accès aux mêmes données", a ajouté Thomas Fatôme. En cas d’urgence, une autorisation d’accès aux données peut aussi être accordée au soignant par le patient.
 

Un calendrier est-il en place ?

Il est d’ores et déjà possible d’activer son carnet de santé numérique. D’ici au 28 mars, l’ensemble des assurés seront informés (e-mail ou courrier) de l’ouverture de leur espace. Ils auront six semaines pour s’y opposer. Passé ce délai, si rien n’a été fait, le profil sera automatiquement créé. Mais, rassure Thomas Fatôme, "à tout moment, vous pourrez changer d’avis et le fermer. C’est votre liberté".
Des actions pour aller vers les populations les plus éloignées du numérique seront mises en place dans les prochaines semaines : "Personne ne sera laissé sur le bord de la route", assure Dominique Pon, responsable ministériel au numérique en santé. Un support téléphonique (le 3422) géré par 4 000 conseillers numériques et des bénévoles a aussi été mis en place pour répondre aux diverses questions du public. En régions, 18 coordinateurs ont été désignés. Une campagne de communication à la radio et à la télévision sera également lancée dans les prochains jours.
 

Quelle incidence sur les logiciels métiers ?

Un investissement de 2 milliards d’euros, prévu dans le cadre du Ségur numérique, permettra de moderniser les logiciels métiers pour les rendre interopérables et compatibles avec cet outil. "Aujourd’hui, il y a des centaines de milliers de logiciels chez les médecins et pharmaciens, biologistes, radiologues, les hôpitaux et les Ehpad, et aucun n’a respecté un cadre normatif commun. Concrètement, pour un médecin traitant, récupérer un résultat de biologie émanant du logiciel du biologiste ou un compte-rendu d’hospitalisation, c’est la croix et la bannière car ils ne sont pas interopérables", regrette Dominique Pon. D’ici deux ans, les professionnels bénéficieront gratuitement d’une mise à jour de leur logiciel, qui pourra envoyer automatiquement une copie électronique d’un document dans Mon espace santé.
 

Serons-nous formés ?

Oui, des financements seront débloqués pour former les professionnels de santé à l’utilisation de la messagerie et au dossier médical, a précisé Laura Létourneau, déléguée ministérielle au numérique en santé.

 

 

 

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