Hédi Chabanol est pédicure-podologue, responsable de l’Espace de soins et d’étude de la peau à l'unité de recherche Plaies & Cicatrisation de l'Institut Curie, Paris.
 

Article publié dans Concours pluripro, mars 2023
 

CAS DE DEPART :
Carole M., 50 ans, est traitée pour un cancer du sein hormonodépendant pour lequel une chimiothérapie néoadjuvante est nécessaire, avec un schéma de quatre cures d'anthracyclines suivies de douze cures de paclitaxel. Elle ne commencera l'hormonothérapie qu'à la fin de la radiothérapie. Cadre, Carole M. occupe un poste à hautes responsabilités. Durant la durée des traitements, elle poursuit ses activités professionnelles en présentiel sans prévenir ses collègues de sa maladie. Seul son supérieur hiérarchique est informé. Elle est très attentive à son image corporelle et est plus inquiète quant à l'alopécie induite par les anthra­cyclines que par l'atteinte unguéale.

 

Pendant un traitement contre le cancer, la toxicité unguéale à type d'onycholyse est une toxicité fréquente. Elle peut persister voire apparaître une fois les traitements terminés. Essentiellement induite par les taxanes, l'onycholyse est un décollement progressif de l'ongle, c'est-à-dire que l'ongle se détache du lit unguéal. Cette atteinte unguéale comporte deux grades dans la classification NCI-CTCAE (National Cancer Institute – Common Terminology Criteria for Adverse Events) :

– grade 1 : séparation du lit et de la plaque de l'ongle ou chute de l'ongle asymptomatiques ;
– grade 2 : séparation du lit et de la plaque de l'ongle ou chute de l'ongle symptomatiques ; interférant avec les activités instrumentales de la vie quotidienne (capacité à préparer ses repas, faire les courses, utiliser un téléphone…).

En cas de chute complète de l'ongle, on parle d'onychoptose. Celle-ci est souvent précédée par une hypersensibilité de la tablette unguéale ainsi que par une dyschromie (liée à la présence d'hématomes sous-unguéaux).

Si l'onycholyse apparaît généralement pendant la durée des traitements, l'onychoptose survient une fois les traitements terminés.

Tous les effets secondaires, y compris la toxicité unguéale, sont présentés à Carole M. par son oncologue référent lors de la consultation d'annonce, puis repris par l'infirmière qui lui explique les mesures de prévention, les premiers signes d'une atteinte unguéale et surtout que ceux-ci ne sont pas à négliger car ils peuvent entraîner une gêne dans sa vie de tous les jours (difficultés à s'habiller, à écrire...)

 

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