Pas à pas. Le Sars-CoV-2 a déferlé sur nos sociétés sans s’annoncer, et a pris de court les professionnels de santé et les chercheurs. Lors de la première vague de l’épidémie, en France comme ailleurs, les équipes soignantes ont dû s’adapter, parfois improviser, et tâtonner pour améliorer la prise en charge de la phase aiguë de la maladie.

Dix mois après les premiers cas hospitalisés, les mécanismes du Covid-19 sont mieux identifiés, la réponse thérapeutique est mieux adaptée aux différentes formes qu’il peut prendre. Une prise en charge à domicile a été protocolisée, les hospitalisations débouchent sur moins de séjours en réanimation, et le taux de décès en réanimation a grandement diminué. Globalement, et dans l’attente de thérapies plus ciblées, la prise en charge a largement progressé.

 

 

PRÉCISER L’ÉPIDÉMIOLOGIE

Mais dix mois plus tard, de nouveaux éléments de la maladie continuent de se manifester, et son analyse commence déjà à prendre un nouveau tournant. Plusieurs études montrent que trois semaines après le début de la maladie, une partie des patients continue de ressentir certains symptômes. Un rapport des CDC américains(1) datant de juillet faisait état d’un étalement du retour à un état physique normal : deux à trois semaines après un test positif, plus d’un tiers des patients rapportaient des symptômes. Chez les 18-34 ans sans maladie chronique, un sur cinq était concerné.

Une étude(2), menée aux Îles Féroé d’avril à août sur toutes les personnes dépistées positives au Sars-CoV-2, va plus loin : elle rapporte que 125 jours après le début des premiers symptômes de la maladie, plus de la moitié des patients (53,1 %) en ressentent toujours au moins l’une des manifestations. Un tiers subit encore un ou deux symptômes, et 19,4 % en rapporte trois ou plus. Parmi les plus fréquemment cités : fatigue, anosmie, agueusie et arthralgies.

Cette étude danoise, malgré des résultats intéressants, pêche par la taille de sa cohorte : 180 patients. Pour mener des recherches plus étendues et statistiquement plus étoffées, ComPaRe, la « Communauté de patients pour la recherche » de l’AP-HP (voir ci-contre), a lancé sa propre étude auprès de sa cohorte regroupant déjà plus de 42 000 patients.

50 MANIFESTATIONS CLINIQUES

Une vague préliminaire de l’étude a déjà été menée, et les premiers résultats ont été communiqués. Elle visait notamment à caractériser de manière plus exhaustive les suites de la phase aiguë. L’analyse du vécu de 600 patients souffrant d’une forme longue du Covid-19 et leurs réponses à des questions ouvertes sur leurs symptômes ont permis d’identifier 50 manifestations cliniques (voir ci-contre).

Des symptômes généraux (fatigue, frissons, insomnies, courbatures, perte de poids et d’appétit, bouffées de chaleur) ont été rapportés par les patients, mais aussi d’autres plus spécifiques : des atteintes neurologiques plus ou moins graves (céphalées, paresthésies, troubles de l’équilibre, tremblements), thoraciques, de l’appareil locomoteur, digestives, oculaires circulatoires, de la sphère ORL, dermatologiques ou encore génito-urinaires

 

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