Créée en 2004 par de jeunes patients, leur famille et des professionnels de santé, et aujourd’hui présidée par Jean-Benoît Birck, l’association HPN France-Aplasie médullaire informe les patients désireux de connaître l’évolution de leur maladie et les avancées thérapeutiques, et lutte contre leur isolement en organisant des rencontres déjeuners. Elle ouvre sa Journée bisannuelle patients-médecins aux proches "car la maladie n’affecte pas que le patient, mais aussi sa famille", explique Muriel Dahan, vice-présidente de l’association depuis 2010.

De survenue inopinée, sans signe avant-coureur, l’HPN est une maladie acquise, non génétique, rare et hétérogène sur le plan clinique. Un patient sur trois aura une hémolyse, liée à l’absence d’inhibition du système de défense du complément (le traitement vise donc à le bloquer) ; deux sur trois auront une insuffisance médullaire, liée à une hyperactivité du système de défense immunitaire (il faut alors freiner le système immunitaire) ; un sur deux aura des thromboses (abdominales, des membres, ou cérébrales), liées à l’accumulation dans le sang de déchets toxiques après la destruction des globules, et qui grèvent le pronostic vital.

L’errance diagnostique est en moyenne de six mois (contre dix-huit en 2008), la maladie pouvant être confondue au début avec une leucémie, avant le résultat du myélogramme. Ainsi, cette confusion aura duré seulement quelques jours grâce à la perspicacité clinique de son hématologue pour une patiente de 18 ans, mais un an pour un autre patient, qui, effondré après s’être cru atteint d’une leucémie, a pu reprendre le sport, et même courir le marathon, une fois traité et son taux d’hémoglobine normalisé.

L’HPN altère la qualité de vie, en raison des symptômes (douleurs abdominales liées aux crises hémolytiques, asthénie), de la nécessité de transfusions, de son retentissement socioprofessionnel. En l’absence de traitement, elle diminue l’espérance de vie : "Dans une cohorte de 500 patients diagnostiqués en 1950, un quart sont décédés à dix ans du diagnostic, et la médiane de survie est de vingt ans (un patient sur deux meurt vingt ans plus tard)", rapporte le Pr Régis Peffault de Latour (centre de référence des aplasies médullaires acquises et constitutionnelles, hôpital Saint-Louis, AP-HP), enthousiasmé par les avancées organisationnelles (les Plans maladies rares ont institué des filières maladies rares, que nous envie l’Europe) et les progrès thérapeutiques réalisés depuis dix ans. "L’HPN était une maladie grave ; aujourd’hui, grâce au traitement, un malade vit à peu près normalement." 
 

L’HPN bénéficie désormais d'un traitement

L’association peut donc désormais rassurer les patients. Ce changement de pronostic s’est opéré depuis l’arrivée en France en 2007 de l’anticorps monoclonal dirigé contre la voie d’activation terminale du complément, notamment la fraction C5 du complément (éculizumab, Soliris[1]) : ce traitement, à vie, de prescription limitée aux centres de référence, permet un retour à la vie normale, avec une diminution de la mortalité, et rend les grossesses à terme possibles, sans risque de thrombose. Et l’arrivée attendue du ravulizumab (éculizumab longue vie), déjà approuvé par la Food and Drug Administration, rendra la vie des patients moins contraignante grâce à l’espacement des injections (tous les deux mois au lieu de tous les quinze jours), celles-ci devant être effectuées à l’hôpital régulièrement, étant donné le risque d’infection : "Cela permet d’envisager des déplacements à l’étranger dans le cadre professionnel et de partir en vacances !", se réjouit un patient inclus dans un protocole de traitement.


Soutenir la recherche 

L’association collecte des fonds pour soutenir la recherche, dans l’espoir d’une guérison de l’HPN (exceptionnellement spontanée, sans que l’on sache pourquoi), et surtout dans celui d’atténuer les symptômes, en particulier "la fatigue qui ne se fatigue jamais" comme le dit un patient. Elle se réjouit que les pathologies de la voie du complément (cascade d’activation de 200 molécules) suscitent l’intérêt des laboratoires pour développer d’autres formes galéniques et viser d’autres cibles : par voie sous-cutanée contre le C5 (Roche) et par voie orale contre la voie alterne du complément (Novartis) en phase II ; contre la voie d’activation proximale du complément, notamment la fraction C3 (Apellis), en phase III. Ce qui fait espérer à terme une diminution du coût du traitement par éculizumab (environ 300 000 euros par an).

En France, une cinquantaine de patients HPN sont ainsi inclus dans des essais. Ce dynamisme thérapeutique s’observe aussi dans l’aplasie médullaire : "Une étude européenne de phase III est en cours et quasiment terminée, qui a pour ambition de révolutionner le traitement standard immunosuppresseur en y rajoutant un agoniste du récepteur de la thrombopoïétine", précise Régis Peffault de Latour.

1. Autres indications de Soliris : le syndrome hémolytique et urémique atypique (Shua) ; la myasthénie acquise généralisée (MAg).

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