Article publié dans Concours pluripro, avril 2024
 

Qu'allais-je pouvoir ajouter aux solides connaissances de l'oncologue et de la psychologue ? pourquoi m'avoir choisie, moi ? Cela n'avait, évidemment, aucun rapport avec mon niveau de diplôme... À quelle place m'attendait-on ? Bonne nouvelle : à la mienne, celle de patiente, avec ce regard de celle qui vit la maladie au quotidien ! À mes côtés, des professionnels qui avaient toute confiance en la complémentarité de ce que je pourrais apporter, convaincus que certaines paroles sont mieux entendues quand elles sont portées par des personnes concernées. Et, au pire, que pouvait-il se passer ? Je ne les voyais qu'une petite heure sur tout le volume horaire de leur cursus...

Nous avons conversé à bâtons rompus, et j'ai senti que les étudiants s'autorisaient à poser des questions que leurs manuels n'abordaient pas : qu'entend réellement le patient lors de l'annonce ? ça fait quoi de "tomber malade" du jour au lendemain ? qu'est-ce qui nous importe réellement dans le parcours de soins ? que retient-on de ce qu'explique le médecin, de son attitude, du langage non verbal ? Je les ai fait réagir : rire parfois, s'étonner souvent, s'émouvoir aussi... Je les ai aussi dérangés en leur faisant remettre en question certaines de leurs pratiques. Et, ensemble, nous avons réfléchi.

En tant que patient, on peut apporter bien plus qu'un simple témoignage : de la matière à démêler ensemble pour observer et comprendre ce qui se joue quand la maladie s'invite dans le quotidien. Et spoiler alert : ça peut bien se passer ! Aujourd'hui, l'intervention des patients dans l'enseignement des soignants va bien plus loin qu'un échange sympathique entre le patient, le médecin et les étudiants. C'est ce que développe le dossier du Concours Pluripro ce mois-ci. La relation médecin-patient est une affaire de confiance où l'un confie ses maux à l'autre, qui lui confie en retour le soin d'en être acteur, en ayant convenu de la façon acceptable d'y parvenir. Quoi de mieux qu'expérimenter et envisager, dès la formation initiale, cette complémentarité de savoirs en se faisant réciproquement confiance pour atteindre ce but commun : bien former le soignant ! Nul doute que ceci sèmera des graines pour les relations futures...
 

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