Ils s’engagent à "désobéir". Dans une "déclaration de désobéissance" transmise à l’AFP samedi et que Concours pluripro a pu consulter, plus de 3.500 médecins salariés et libéraux assurent qu’ils vont "continuer de soigner gratuitement" les patients si le dispositif de l’aide médicale d’État (AME) venait à disparaître. Un chiffre qui ne cesse d’évoluer : ils étaient 3.750 ce samedi et plus de 4.000 ce matin, nous a-t-on confirmé. "Je les comprends, a réagi le ministre de la Santé, invité de l’émission "8h30 Franceinfo" hier. Le gouvernement se battra pour qu'ils n'aient pas à exercer de désobéissance civile". Il a ainsi rappelé que l’AME est "un dispositif de santé publique avant tout" et que "si on renvoie tout sur l'hôpital on va faire une erreur énorme".
"Moi, médecin, déclare que je continuerai à soigner gratuitement les patients sans papiers selon leurs besoins, conformément au Serment d’Hippocrate que j’ai prononcé." Pour les médecins signataires de cet appel lancé par Antoine Pelissolo et Jean-Marc Baleyte, deux psychiatres chefs de service des hôpitaux Henri Mondor de Créteil et du centre hospitalier intercommunal de Créteil, "la déontologie prescrit le juste soin pour chaque personne qui [les] consulte. La sagesse dénonce la faute éthique et en passant l’erreur épidémiologique".
Pour rappel, lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration le 7 novembre dernier, le Sénat a adopté un amendement qui supprime et transforme l’AME en aide médicale d’urgence (AMU) avec un panier de soins réduits et une prise en charge recentrée sur la prise en charge des maladies graves et des douleurs aiguës, de la prophylaxie, des soins liés à la grossesse, des vaccinations et des examens de médecine préventive. Une décision contre laquelle s’est élevée Agnès Firmin Le Bodo, rappelant l’AME est "un dispositif de santé publique indispensable, encadré et maîtrisé" et que c’est "une question d’humanité et de protection des populations".
"Le gouvernement est totalement aligné", "on ne basculera jamais dans un dispositif type aide médicale d'urgence", a assuré Aurélien Rousseau. Les médecins signataires assurent, quant à eux, rester "indifférent[s]" aux "conditions sociales ou financières" des malades concernés, "ainsi qu’à leur langue et leur nationalité" : "Patients d’ici et d’ailleurs, ma porte vous est ouverte. Et le restera."
[Avec AFP]