Quelles relations entretenez-vous avec la ville ?

La discussion a toujours été très facile, car bon nombre de nos praticiens consultent également en ville. Mais les professionnels de santé ont des charges de travail de plus en plus importantes et ont parfois du mal à se joindre… C’est pourquoi, depuis novembre 2019, nous développons, avec Lifen, une solution permettant d’échanger en temps réel des documents entre les différents logiciels médicaux. Nous allons déployer cet outil dans 143 établissements, ce qui correspond à environ 6 000 praticiens, qui n’auront rien à débourser. Et nous allons développer la télé-expertise, en partenariat avec Medaviz : quand un généraliste de ville souhaitera un avis spécialisé, il pourra consulter très rapidement l’un de nos praticiens via une messagerie sécurisée. À l’avenir, nous aimerions aussi que nos établissements trouvent une place au sein des CPTS, des organisations légères proches de la culture du privé. Même si on constate, à l’occasion de leur création, un décalage entre l’instantanéité du monde médical et la lenteur des procédures administratives qui s’imposent lorsqu’on veut faire une demande de financement ou monter une association ! Cette inertie du système peut décourager les bonnes volontés…

François Demesmay ©Jean-Yves Piton
François Demesmay ©Jean-Yves Piton

Dans l’optique du virage ambulatoire, l’alliance entre les établissements privés et les acteurs de soins primaires vous semble-t-elle une solution intéressante ?

En effet, on parle de plus en plus de « trajectoire patient », et dans ce cadre, notre rôle est d’assurer un suivi spécialisé lorsque les équipes de soins primaires nous le demandent. Les cliniques, avec leurs plateaux techniques, doivent proposer une expertise poussée pour des hospitalisations de courte durée – par exemple, en cardiologie, assurer les soins aigus, comme un infarctus ou la pose d’un stent – mais aussi intervenir en soutien du médecin de ville, lorsqu’il se trouve dans une situation complexe. L’hôpital privé peut ainsi jouer un rôle de second recours à distance. Mais si l’on veut que cela fonctionne, il y a de nouvelles rémunérations à inventer pour valoriser ces pratiques, en complément du paiement à l’acte. Par exemple, un forfait de travail en équipe, ou un paiement au résultat quand l’hospitalisation est évitée.

Quels modes de fonctionnement expérimentez-vous dans d’autres pays ?

En Suède, nous gérons des structures de soins primaires qui disposent déjà d’outils de communication partagés, ce qui nous donne un aperçu de ce que nous pourrions devenir en France. Leur organisation est également différente : là-bas, ça ne viendrait pas à l’idée d’un médecin de travailler seul ! Les soins les plus simples sont pris en charge par des paramédicaux. Cela améliore la qualité de vie au travail, car on n’est plus jamais seul face à un problème. Ce modèle peut nous inspirer, en particulier pour les déserts médicaux français. Car il permet d’atteindre une taille critique et donc de mettre en place des protocoles communs avec les établissements du secteur.

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