Depuis plusieurs années, le Danemark est régulièrement évoqué et cité en exemple pour son système de soins et pour son organisation dans la prise en charge des urgences et des soins non programmés (en hausse constante, comme dans la plupart des pays développés). Cependant, il ne compte qu’un peu moins de 6 millions d’habitants – ce qui correspond sensiblement à la population de la région Île-de-France – et il est résolument régionalisé : deux arguments avancés pour minorer son potentiel d’exemplarité…

En réalité, depuis le début des années 2000, le gouvernement danois a engagé toute une série de réformes : une régionalisation, donc, qui fait que chacune des cinq régions est responsable de l’organisation des soins (dans un cadre général défini par l’État central) ; ensuite, une concentration des établissements hospitaliers avec, en particulier, une réduction de moitié des services d’urgences hospitalières (de 40 à 20) ; puis la mise en oeuvre effective d’un numéro d’identification unique pour chaque usager du système de soins, ainsi qu’un dossier électronique partagé, accessible aussi bien en ville qu’à l’hôpital, sur l’ensemble des cinq régions. Tout cela dans un système à financement public (État-région), totalement gratuit pour les patients résidant dans le pays.

Enfin, ces toutes dernières années, une organisation préhospitalière responsable du fonctionnement des services hospitaliers d’urgences s’est mise en oeuvre. L’originalité essentielle est que cette organisation, dont la cheville ouvrière est un « emergency medical coordination center » régional, ne peut être alertée que par téléphone, sans frais, via un numéro unique dédié, accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Là, l’appel est enregistré, localisé et immédiatement transféré à une équipe « paramédicale » (éventuellement complétée par un médecin d’astreinte). Cette équipe investigue alors la demande, en s’appuyant notamment sur une aide à la décision (le Danish index for emergency care) qui comporte 37 items, essentiellement cliniques.

Au terme de cette investigation (qui ne peut prendre que quelques minutes), le patient et sa demande sont alors catégorisés dans l’un des cinq niveaux (allant de la réassurance ou d’un simple réadressage vers d’autres services sanitaires ou sociaux à une éventuelle urgence vitale). Des moyens de transport qui peuvent être médicalisés – y compris quatre hélicoptères pour l’ensemble des cinq régions – sont alors mobilisés pour amener le patient dans un service d’urgences dans les meilleurs délais. Et, aussitôt qu’il est dans un véhicule sanitaire, le malade peut bénéficier des premiers soins, d’autant que les professionnels qui l’entourent ont accès, via le dossier électronique partagé, à l’ensemble de ses données médicales utiles.

Les généralistes impliqués

Et les general practitioners dans tout ça ? Ils peuvent, bien entendu (pendant leurs heures de travail, le plus souvent entre 8 h et 16 h), joindre eux-mêmes le numéro unique d’appel, soit parce qu’ils sont en train d’examiner un malade en situation critique, soit parce qu’ils ont reçu la demande d’un patient par téléphone, par téléconsultation ou même par e-mail.

D’ailleurs, en plus du numéro unique d’appel pour l’organisation préhospitalière des services d’urgences, la population danoise a accès à d’autres services, qu’elle utilise de plus en plus, par téléphone, téléconsultation ou internet, qui fournissent des conseils, des prescriptions, le cas échéant des visites à domicile et même des hospitalisations directes – aux horaires où les médecins traitants ne sont pas disponibles.

Les auteurs danois qui décrivent cette organisation préhospitalière concluent leur article* en insistant sur les nombreux travaux de recherche rendus possibles par les données colligées dans le dossier partagé, qui fournissent une bien meilleure connaissance de la morbidité préhospitalière.

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