Article publié dans Concours pluripro, octobre 2021

Les principaux traitements de lutte contre le cancer sont la chirurgie, la radiothérapie, les traitements médicamenteux et la greffe de cellules souches hématopoïétiques. Les médicaments de chimiothérapie peuvent être utilisés seuls en monothérapie ou associés entre eux, voire à de la radiothérapie ou à une greffe de cellules souches, dans des thérapies dites classiques ou ciblées, ces dernières permettant ainsi de détruire plus spécifiquement les cellules malades et épargnant au maximum les cellules saines. De nombreux principes actifs, répartis en différentes classes thérapeutiques selon leur mécanisme d’action, sont disponibles sur le marché français.

L’expertise de l’Anses s’est focalisée sur les principes actifs cytotoxiques, c’est-à-dire agissant au niveau de l’ADN et/ou de la réplication cellulaire conduisant in fine à une mort cellulaire. Du fait de cette cytotoxicité directe au niveau des cellules, ces substances sont capables d’induire des effets indésirables, quel que soit le niveau d’exposition. Cependant, les principes actifs utilisés pour traiter le cancer ne sont pas tous cytotoxiques. En particulier, l’immunothérapie ainsi que l’hormonothérapie ne sont pas considérées comme des thérapies cytotoxiques au sens strict. Les principes actifs utilisés dans ces thérapies agissent soit en interférant avec une voie hormonale qui intervient de façon indirecte dans la croissance des cellules cancéreuses, soit en stimulant ou utilisant le système immunitaire d’une manière ou d’une autre pour combattre le cancer. Ils peuvent ainsi nécessiter un niveau d’exposition significatif pour provoquer de potentiels effets cancérogènes. Ces thérapies n’ont donc pas été considérées pour une éventuelle inclusion dans nos travaux d’expertise.

En chiffres

Données sur les professionnels exposés

91 900 salariés, soit 0,4 % de l’ensemble des salariés français, sont exposés à des principes actifs de médicaments cytotoxiques, de la fabrication à la manipulation, en passant par le transport, la gestion des déchets, le nettoyage(1)... Les familles professionnelles des salariés les plus concernés par une exposition aux médicaments cytotoxiques sont les infirmières et sages-femmes, les aides-soignantes (incluant les assistants vétérinaires), les médecins et assimilés (incluant les vétérinaires et pharmaciens), les professions paramédicales et les personnels d’études et de recherche. Toutefois, ces chiffres ne comptabilisent pas tous les professionnels pouvant être exposés à ces principes actifs et sous-estiment donc le nombre réel de personnes exposées. Par ailleurs, selon les données de l’INCa(2), le recours à la chimiothérapie est en augmentation. En volume, l’activité hospitalière pour ou avec chimiothérapie augmente depuis plusieurs années : + 6 % entre 2016 et 2017. L’activité de chimiothérapie pour traitement de cancer est assurée à plus de 50 % par les centres hospitaliers (29,3 % par les centres hospitaliers et 23,5 % par les centres hospitaliers universitaires régionaux), 27,2 % par des établissements privés commerciaux et 14,2 % par les centres de lutte contre le cancer(3). Cela démontre que les professionnels de santé sont de plus en plus exposés aux médicaments anticancéreux.

 

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