Reportage
À la maternité de Givors (Rhône), plus de la moitié des patientes accouchent sans péridurale. En l’absence de complications, un binôme sage-femme-auxiliaire de puériculture les accompagne dès la salle de naissance. Un plateau technique permet aussi l’accueil de femmes avec leur sage-femme libérale, un modèle unique dans le Rhône.
Article publié dans Concours pluripro, janvier 2024
Dans la salle nature de la maternité de Givors à une vingtaine de kilomètres de Lyon, une baignoire trône dans un coin de la pièce. Des ballons sont disposés au sol et un tatami voisine avec une table d’accouchement classique et des machines de monitoring. Ici, les femmes peuvent accoucher avec ou sans péridurale, mais au maximum dans le respect de leurs demandes et avec le recueil de leur consentement.
"Nous accueillons beaucoup d’accouchements sans péridurale, raconte Laury Dupuich, sage-femme coordinatrice du service. Nous avons une culture de l’accompagnement le plus physiologique possible, dans le respect des contre-indications médicales. Les femmes qui viennent ici ont besoin d’être entourées. Nous leur proposons beaucoup de cocooning, notamment grâce à nos sages-femmes formées en acupuncture et en hypnose. Elles sont aussi d’excellentes masseuses !"
Et celles qui préfèrent une analgésie peuvent opter pour une péridurale déambulatoire, qui leur permet d’avoir davantage de sensations... "Nous sommes très axés sur le recueil de consentement. Presque toutes les patientes arrivent avec un projet de naissance et nous en reprenons ensemble les éléments pour aborder les vraies raisons qui pourraient conduire à un déclenchement, une césarienne ou une épisiotomie. Il suffit souvent de les écouter et de leur donner des explications pour qu’elles comprennent pourquoi on fait un acte, même si elles y sont opposées au départ", explique-t-elle.
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Le service compte 20 sages-femmes, dont 17 sont polyvalentes et se partagent entre les salles d’accouchement, la maternité, les consultations et la préparation à la naissance. "Notre philosophie est de recruter des sages-femmes par le prisme de l’accouchement physiologique. Elles se forment beaucoup par compagnonnage", complète Aude Fendler, gynécologue-obstétricienne. Par exemple, elles travaillent
en binôme avec les auxiliaires de puériculture, dès la salle d’accouchement. "Nous sommes là pour la naissance, voire un peu avant", témoigne Camille Marsal, auxiliaire de puériculture. "Et après la naissance, nous nous occupons de la surveillance du nouveau-né et des premières mises au sein, nous répondons aux questions des parents, complète Aline Serena, sa collègue. Nous sommes en lien avec les services de PMI du secteur. Celle du Grand Lyon vient une fois par semaine récupérer les fiches recensant toutes les naissances. Nous pouvons aussi les alerter en cas de problème avec les parents afin qu’ils puissent intervenir à domicile si nécessaire".
De niveau 1, la maternité de Givors accueille entre 1 000 et 1 100 accouchements par an. Sa particularité est de disposer d’un plateau technique, qui permet d’accueillir les sages-femmes libérales et leurs patientes pour l’accouchement. En 2022, 1 096 accouchements ont eu lieu, dont 52 % sans péridurale et 12,6 % (137 naissances) en plateau technique. Huit sages-femmes libérales sont ainsi conventionnées avec la maternité.
C’est le cas de Violaine Lièvre, sage-femme libérale à Villeurbanne, en banlieue lyonnaise : "Depuis 2016, je propose de l’accompagnement global, sur tout le temps de la grossesse, de l’accouchement et en post-partum. Le jour J, la patiente et moi nous rejoignons à la maternité de Givors et je l’accompagne tout au long de l’accouchement. Si tout se passe bien, c’est moi qui gère de A à Z. Les femmes n’ont pas affaire à d’autres professionnels de santé, sauf s’il y a une demande de péridurale ou en cas de complications."
Violaine Lièvre a déjà réalisé environ 160 accouchements en plateau technique à Givors. "Ce qui nous intéresse en tant que libérale, c’est la liberté de pratique : la faible médicalisation de l’accouchement si besoin, la liberté de position des patientes, la baignoire… La maternité a des protocoles en place pour les accouchements physiologiques qui sont plus ouverts que dans d’autres maternités. Par exemple, elle propose aux parents de signer des décharges médicales pour clamper tardivement le cordon ou refuser l’injection d’ocytocine de synthèse au moment de la délivrance. Je ne connais pas ça ailleurs. De même, si une patiente accouche à quatre pattes, ce sera très bien accueilli."
