""Nadine Rauch
Nadine Rauch,présidente du GIT

Depuis 2011, plusieurs réformes ont élargi petit à petit les missions des infirmières de santé au travail, leur permettant de participer activement au suivi de santé des salariés et aux actions de prévention dans les entreprises. "Ces différentes lois nous permettent ainsi d’assumer un rôle prépondérant dans le suivi de santé des salariés en France. Cependant, un élément essentiel est largement occulté dans la mise en place de ces nouvelles missions : la formation", pointe Nadine Rauch, présidente du Groupement des infirmiers en santé au travail dans une tribune.

Elle rappelle notamment que le Code de déontologie du Conseil International des infirmiers, révisé en 2021, précise que "les infirmières assument une responsabilité personnelle dans l’exercice éthique des soins infirmiers et en sont les garantes ; elles cultivent leurs compétences en s’appliquant à se perfectionner de manière continue au niveau professionnel et à apprendre tout au long de leur carrière."

 

Quant à la loi "Pour renforcer la prévention et la santé au travail" du 2 août 2021, "elle acte que le médecin du travail peut déléguer de nombreux actes qui lui étaient jusqu’alors exclusivement réservés, lui seul décidant de la compétence de l’infirmière de santé au travail, quelle que soit sa formation puisqu’aucun décret ne décrit le contenu de la formation nécessaire pour exercer en santé au travail", déplore Nadine Rauch. Ces décrets obligent les infirmières à se positionner une fois de plus par rapport à leurs niveaux de compétences, très hétérogènes selon le type de formation reçue. "Elles sont à nouveau prises en étau entre leur éthique et les consignes dictées par leurs employeurs", pointe la présidente du GIT.

 

Les attentes du GIT

Le groupement attend que l’un des décrets de la loi du 2 août 2021 soit consacré à la formation, en précisant les modalités et le cursus requis pour tous les infirmiers en santé au travail quel que soit leur lieu d’exercice. "Ce décret tant attendu permettra une homogénéité, une harmonisation des formations et surtout, il donnera l’assurance d’une impartialité dans le service rendu aux salariés et aux employeurs. Il ouvrira la voie à une meilleure reconnaissance de la profession des infirmiers en santé au travail".
Elle poursuit : "Au-delà des considérations relatives à notre profession, il est important d’avoir une vision macro, il s’agit de tout le système de santé au travail qui est en jeu. De par l’allongement de la durée du travail, de l’émergence de nouveaux risques professionnels, de la démographie toujours en baisse des médecins, si le législateur ne reconsidère pas son point de vue, il est fort probable que nous assisterons à la fin de 'la médecine du travail'". 

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