Article publié dans Concours pluripro, février 2023

Qu'est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la santé au travail et à la prévention des risques ?

Sandrine Ferrand
Sandrine Ferrand

J'ai suivi un cursus en droit privé et j'ai travaillé dans diverses entreprises au services des ressources humaines puis en tant que consultante. Dans le secteur de l'intérim, dont l'activité est particulièrement accidentogène, j'ai découvert la gestion des accidents du travail et des maladies professionnelles, ce qui m'a amenée à m'intéresser à la prévention de la santé au travail. En effet, s'il est important de travailler sur le volet juridique, je reste convaincue que l'accident qui coûte le moins cher est celui qui n'arrive pas. Aujourd'hui, je travaille donc avec des entreprises privées et publiques en amont pour éviter les maladies professionnelles et les accidents du travail. Je suis aussi intervenante en prévention des risques professionnels (IPRP) et j'interviens dans des TPE qui n'ont pas les moyens d'occuper des préventeurs à temps plein pour des missions d'appui à l'évaluation générale des risques et à la définition d'actions de prévention.

 

De votre point de vue, comment a évolué la santé au travail ces dernières années ?

Il est clair que la prévention fait son oeuvre depuis trente ans et que les accidents du travail ont diminué, même si les accidents graves ou mortels restent une préoccupation… tandis que les maladies professionnelles ne cessent d'augmenter. Les troubles musculosquelettiques (TMS) restent aujourd'hui la principale cause de maladie professionnelle, avec en 2021, 86 % des demandes de reconnaissance en maladie professionnelle, selon le dernier rapport annuel de l'Assurance maladie-Risques professionnels. Derrière, on retrouve toujours l'amiante, les atteintes auditives, les allergies, le Covid-19… Mais ce qui prend le plus d'ampleur depuis quinze ans, ce sont les affections psychiques : + 37 % sur cinq ans, avec une augmentation de 9 % depuis 2020.

 

Cela signifie que les conditions de travail se détériorent ?

En effet, elles se dégradent. On traverse une période de transformation : les entreprises bougent, se réorganisent, fusionnent, mettent en place de nouveaux modèles d'organisation et de travail… et cela ne va pas toujours dans le bon sens ! D'autant que tout se passe à un rythme effréné. Ces changements abîment l'humain, qui tente de s'adapter au mieux à ce que l'on attend de lui. Et cela a empiré depuis la crise sanitaire ! Des secteurs comme ceux du médical et du médico-social tiennent le haut du pavé, le commerce aussi, tout comme les métiers du tertiaire. On parle de charge mentale ou émotionnelle et donc de surcharge. Cela engendre un taux d'absentéisme grandissant mais aussi la démission de salariés qui choisissent de chercher des employeurs plus en phase avec leurs valeurs et leur rythme.

Ne pas investir dans des conduites de changement aujourd'hui, c'est en faire les frais plus tard
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