Article rédigé par le Dr Hervé Laborde-Castérot, médecin spécialiste des maladies professionnelles et environnementales au centre antipoison de Paris, AP-HP Nord-université de Paris, et publié dans Concours pluripro, juin 2021

La pratique du tir sportif a connu un engouement certain en France au cours de la dernière décennie. La Fédération française de tir compte aujourd’hui environ 220 000 licenciés, majeurs et mineurs, les enfants pouvant être accueillis dans les clubs avant l’âge de 10 ans. Quelles que soient les disciplines de tir et les armes utilisées, la plupart des munitions contiennent du plomb.

Le projectile lui-même peut être fait de plomb métallique, qu’il s’agisse d’un simple "plomb" propulsé par de l’air comprimé, ou d’une balle (ou ogive) de cartouche d’arme à feu. Cette cartouche contient également une charge de poudre propulsive et une amorce, le tout maintenu par un étui (ou douille). C’est la combustion de la charge propulsive, libérant d’importantes quantités de gaz, qui entraîne la projection de la balle à grande vitesse. Cette combustion est déclenchée par l’explosion de l’amorce, habituellement du styphnate de plomb, après percussion. Les munitions constituent une source de contamination par le plomb des tireurs, qu’ils soient adultes ou enfants, tireurs amateurs ou de compétition, ainsi que tous les professionnels amenés à fréquenter les stands de tir, voire leur entourage familial. Des cas d’intoxication saturnine sont ainsi régulièrement signalés aux réseaux de vigilance des centres antipoison et des centres de pathologies professionnelles et environnementales.

Les effets du plomb sur la santé

L’exposition répétée au plomb peut produire de nombreux effets sur la santé (voir ci-contre), qui sont globalement bien corrélés à la concentration de plomb dans le sang (plombémie). Pour appréhender la relation entre la plombémie et les effets sanitaires, il faut rappeler les seuils de plombémie, dont le dépassement invite à rechercher une surexposition au plomb : 25 μg/l chez l’enfant et 50 μg/l chez l’adulte (ces valeurs, qui peuvent être assimilées à des bornes de normalité dans la population générale, ne cessent de diminuer au cours du temps, du fait de l’abandon progressif de certaines utilisations du plomb). Le saturnisme infantile, maladie à déclaration obligatoire, est défini par une plombémie supérieure ou égale à 50 μg/l.

Si les conséquences des fortes contaminations par le plomb sont connues de longue date (encéphalopathie, neuropathie, coliques…), les effets aux faibles doses ont été mis en évidence plus récemment, et sont aujourd’hui bien documentés. Ainsi, certains effets sont démontrés pour une plombémie inférieure à 100 μg/l, voire 50 μg/l, et sont probablement sans seuil. Le fait que ces effets sont peu bruyants au niveau individuel participe à la difficile mise en visibilité du risque.

Si des effets sont attendus chez l’ensemble des individus exposés au plomb, les populations les plus sensibles sont les jeunes enfants et les femmes enceintes. On soulignera également que les effets toxiques pour la reproduction touchent à la fois la femme et l’homme.

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