Article publié dans Concours pluripro, décembre 2025
 

L'indispensable organisation des soins primaires – ou de premier recours ou encore de proximité – a été entreprise dans l'ensemble des pays développés depuis maintenant une bonne vingtaine d'années. Avec plus ou moins de dynamisme et de résolution selon les responsables des politiques publiques, les organisations professionnelles et les cultures dominantes ou traditions propres aux diverses populations. Et cela ne dispense pas de "penser" l'accès aux soins spécialisés, qu'il s'agisse de spécialités d'organes ou bien de spécialités plus transversales fondées sur une expertise comme l'oncologie ou un plateau technique comme l'imagerie.

À la lumière des données internationales, la "question de l'accès au spécialiste" semble être un sujet de pleine actualité dans la plupart des pays. On retiendra ici l'analyse publiée en juin 2025 par le Grattan Institute* – un organisme indépendant de conseil sur les politiques publiques, à but non lucratif, opérant depuis 2008 et ayant acquis une notoriété importante au cours de la pandémie Covid en Australie. Cette analyse identifie cinq recommandations pour remédier aux difficultés actuelles d'accès aux spécialistes auxquelles est confrontée la population australienne (et qui se traduisent à la fois par des délais et des coûts importants et croissants).

D'abord mieux planifier les besoins et la formation des futurs spécialistes. Ensuite, investir et aussi faciliter l'accès aux spécialistes dans le secteur public. Mais aussi mieux identifier les situations où les soins primaires peuvent valablement assumer la prise en charge. Et enfin, lutter contre les coûts excessifs résultant de certains spécialistes (à peu de choses près, ces recommandations pourraient être appliquées en France). Et, dans les faits, l'accès aux diverses spécialités peut être sensiblement amélioré par des innovations touchant à l'organisation du système de soins et utilisant des nouvelles technologies.

 

Avis spécialisé et consultations avancées

Ainsi, la plupart des organisations de soins en Amérique du Nord, historiquement établies sur des établissements hospitaliers, ont très significativement, depuis les années 2000, ouvert des cliniques ambulatoires, le cas échéant positionnées en "consultations avancées" au sein de regroupements pluriprofessionnels dédiés aux soins primaires. Bien plus, ces mêmes organisations, publiques ou privées (comme la Veterans Health Administration, le Kaiser Permanente ou encore la Mayo Clinic), ont massivement développé les téléconsultations sous toutes leurs formes – téléphone, e-mail ou vidéo – en temps réel ou différé, avec l'appui ou non d'un professionnel de santé aux côtés du malade... De telle manière que ces téléconsultations représentent maintenant un total annuel très supérieur au nombre total des consultations en présentiel. De surcroît, le delta s'accroît chaque année. C'est donc bien de nouvelles modalités d'accès aux spécialités qu'il s'agit, et qui s'appuient, à l'évidence, sur un double investissement important, organisationnel et technologique.

En illustration à ces innovations, on rappellera, par exemple, les consultations et explorations en ophtalmologie réalisées à des milliers de kilomètres via internet ou même un simple smartphone. On citera également le eReferral, initialement mis en oeuvre en Californie, qui permet d'obtenir un avis spécialisé, et depuis étendu à nombre d'autres organisations et pays. Il suffira d'ajouter, pour conclure, que ces réalisations ont été initiées voilà une quinzaine d'années et publiées il y a déjà plus de dix ans...

 

* Une organisation assez comparable à ce qu'est en France l'institut Montaigne, créé, lui, en 2000.

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