Modes d'exercice
Volet social, partenariats renforcés avec les acteurs du territoire, cadre de travail plus souple, "aller-vers"... L'exercice en centre de santé plaît. Mais ces structures doivent souvent batailler pour s'assurer un équilibre financier. Pourquoi ces professionnels de santé ont-ils choisi le salariat en centre de santé ?
Article publié dans Concours pluripro, septembre 2024
Deux expériences et un choix assumé. "J'ai testé l'exercice libéral et le salariat, et je me suis très vite retrouvée, dans cet exercice collectif salarié en centre de santé, dans les valeurs portées par ces structures et dans tous les projets mis en oeuvre pour favoriser l'accès aux soins des plus précaires", témoigne Jeanne Villeneuve, médecin généraliste et directrice médicale du centre de santé Richerand dans le Xe arrondissement de Paris (Île-de-France). Pour d'autres, ce choix d'exercer en centre de santé (CDS) s'est fait "un peu par hasard", confie Camille Lahmy, médecin coordinateur du centre municipal de santé de Plérin (Côtes-d'Armor). "À l'origine, j'étais interne dans une permanence d'accès aux soins de santé (Pass), et un collègue m'a proposé d'effectuer des remplacements au centre de santé d'Orly (Val-de-Marne). Après avoir découvert ce mode d'exercice, il m'a été difficile d'envisager de travailler dans d'autres types de structures tant j'ai été séduite par le travail en équipe pluridisciplinaire et la prise en charge d'une population plus fortement touchée par les vulnérabilités sociales."
Ces valeurs, partagées par un grand nombre de professionnels de santé exerçant au sein des CDS, se traduisent également par la défense d'un système de santé intégré, une alliance des services garantissant l'accès de la population à la santé publique, afin de créer un continuum de prises en charge, de la pédiatrie aux personnes âgées en passant par la médecine scolaire. Centres de santé associatifs, municipaux, coopératifs ou communautaires... tous multiplient les partenariats avec les structures du territoire pour offrir cette prise en charge globale et holistique.
À Plérin (Bretagne), de nombreuses conventions ont été conclues entre le CMS et les associations qui s'occupent des demandeurs d'asile, afin de favoriser leur accès aux soins ; mais aussi avec l'aide sociale à l'enfance (ASE) pour les jeunes habitant en foyer ; les établissements scolaires au sein desquels interviennent les professionnels du CDS pour mener des actions de prévention et de sensibilisation ; ou encore avec un centre d'addictologie. Infirmière Asalée au CMS de Plérin et en maison de santé à Vildé-Guingalan, Sandrine Juste s'est engagée auprès de médecins salariés et libéraux portant "les mêmes valeurs humanistes", assure-t-elle. "Tous proposent une prise en charge globale, facilitent l'accès aux soins et ne font pas de différence entre les patients." En revanche, au sein du CMS, les liens avec la mairie permettent une plus grande ouverture sur d'autres structures municipales, dont le centre social. "On ressent davantage l'existence d'une santé intégrée en centre de santé qu'au sein d'une maison de santé, estime-t-elle. D'ailleurs, avec une animatrice du centre social, nous avons réuni nos deux groupes de marche, et l'échange entre les participants est très riche." L'ensemble de ses patients a également pu intégrer le centre social, s'inscrire à des activités et rencontrer des animateurs.
