Ils sont quatre centres de santé communautaires – La Case de Santé à Toulouse (31), La Place Santé à Saint Denis (93), Le Village 2 santé à Échirolles (38) et Le Château en Santé à Marseille (13) – à s’être réunis pour diffuser un communiqué commun en réaction à celui émis par le ministère de la Santé le 31 janvier dernier concernant le "budget inédit" dédié aux centres et maisons de santé participatifs.

Rappelant que les centres de santé communautaires "se proposent, à partir de lieux accueillants, de produire avec les patients un autre travail en santé basé sur des stratégies de lutte contre les inégalités sociales de santé", ils regrettent de l’avoir fait depuis des années "contre vents et marées, subissant constamment l’inadéquation du financement de la santé à notre modèle".

Pour autant, ils reconnaissent être "enfin entendus" par le gouvernement et se réjouissent de l’autorisation de l'expérimentation de ce nouveau modèle économique – les quatre structures ont participé à l’écriture du cahier des charges de l’expérimentation – et saluent le travail mené avec les techniciens du ministère de la Santé. "Ce que nous regrettons néanmoins, c’est une forme de récupération politique dans le discours des ministres, à quelques mois des élections présidentielles, pointe Benjamin Cohadon, coordinateur au Village 2 Santé. Cela fait des années qu’aucun représentant de l’État ne vient dans nos quartiers, que les habitants se sentent laissés-pour-compte, que les équipes pluriprofessionnelles des centres de santé communautaires se battent avec de très faibles moyens – pour certains, depuis une quinzaine d’années – et que le tissu associatif et les services publics des quartiers sont détruits… Tout cela pour que Nadia Hai, ministre chargée de la Ville, affirme que nos actions 's’inscrivent dans la lignée de la méthode ‘d’aller-vers’' du gouvernement" ! "

 

Se battre... avec une touche d'humour

Les structures ont montré qu’elles pouvaient travailler ensemble pour construire ce "nouveau modèle économique". Elles demandent du respect mutuel, et la reconnaissance du travail effectué par leurs équipes, au "croisement du sanitaire et du social". "Nous avons construit une 'méthode nouvelle' que le gouvernement vient enfin financer… C’est une avancée mais ce n’est pas Byzance. Ce n’est qu’un début qui va nous permettre d’avoir une survie financière... du moins pendant les deux ans que va durer l’expérimentation. Quid de l’après ? Nous n’avons aucune assurance que cela va être pérennisé ou généralisé", souligne Benjamin Cohadon. Et de rappeler que l’on compte 1 514 quartiers en Politique de la ville dans l’hexagone, dont 86 % ne disposent d'aucune structure de soins de premier recours. "Nous allons donc continuer de nous battre pour que l'expérimentation ne se limite pas à 60 structures, mais aussi pour son inscription dans le droit commun et sa généralisation dans tous les territoires urbains et ruraux qui le souhaiteront. L’accès de tous à la santé ne pourra par ailleurs exister que si les politiques publiques se fixent pour objectif premier de réduire les inégalités sociales de santé, en commençant par le maintien de services publics de qualité accessibles à toutes et tous", conclut le communiqué de presse.

Pour appuyer leur message, les quatre signataires ont joint une planche de bande-dessinée à leur communiqué. "Il y a quelque chose de l’ordre du risible dans la communication du gouvernement, note Benjamin Cohadon. Alors plutôt que d’être juste en colère, nous avons opté pour le rire. L’un des professionnels du Château en Santé, également dessinateur, nous a concocté ces quelques bulles qui résument ce que l’on demande : au-delà d’un label, des logements décents, des services publics, une visibilité !"
 

 

 

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