"C'est un symbole important pour les femmes, pour les docteurs, pour la liberté." Le 12 décembre dernier, le Conseil des ministres examinait la potentielle entrée de l’IVG dans la Constitution française. Une bonne chose pour Françoise Derman, gynécologue-obstétricien qui travaille depuis 30 ans au centre de santé sexuelle de Nancy (Lorraine). "L'IVG dans la Constitution, c'est important, affirme-t-elle, mais ça ne garantit pas un accès plus facile à l'avortement. […] Nous le voyons chaque jour au centre de santé sexuelle (ex-planning familial) de Nancy, ce n'est pas toujours si facile de pouvoir avorter" a-t-elle expliqué au micro de France Bleu Sud Lorraine.

Selon la gynécologue, près de 130 centres qui pratiquaient l’IVG ont fermé ces dernières années en France. Et parmi les centres de santé restants, "des difficultés demeurent", assure la professionnelle de santé, qui cite notamment "une hétérogénéité des propositions : certains établissements pratiquent l'IVG médicamenteuse, d'autres instrumentale par exemple alors que les préconisations de la Haute Autorité de Santé (HAS) sont les mêmes pour tous les centres". L’offre en termes d’anesthésie n’est pas non plus la même dans tous les centres de santé : "dans certains centres, ils ne pratiquent que l'anesthésie générale en cas d'avortement instrumental, or, si une femme veut une simple anesthésie locale, elle va devoir chercher un autre établissement".
 

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Résultat : "des femmes font parfois plus d'une centaine de kilomètres pour leur avortement. En plein hiver certaines partent à 5 heures du matin pour arriver à temps à leur rendez-vous et d'autres doivent se payer une nuit d'hôtel !" explique-t-elle.

"Heureusement, il y a des avancées", souligne Margaux Creutz, coordinatrice du réseau périnatal de Lorraine et présidente de la fédération nationale du réseau, "comme la possibilité pour des sages-femmes libérales de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse [médicamenteuses, NDLR]."

Quant à la constitutionnalisation de l'IVG, elle devra encore être votée par le Congrès du Parlement (la réunion de l'Assemblée nationale et du Sénat) qui se réunira à Versailles "le 5 mars prochain" à annoncé Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles.

[Avec France Bleu Sud Lorraine et l'AFP]

 

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