« Tout a débuté sous l’impulsion de la mairie de Saumur, préoccupée par le grand nombre de patients sans médecin traitant », explique le Dr Gilles Bontemps, médecin généraliste en cumul d’activité et coordonnateur du centre communal de santé. En effet, en 2016, 8 000 habitants de l’agglomération n'en avaient pas, indique la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Maine-et-Loire. Inspirée par un projet similaire mis en place dans la ville de Laval, la municipalité sollicite, en février 2018, deux médecins du territoire pour leur faire part de son projet. « J’étais à la retraite depuis un an et j’avais en tête de reprendre une activité, se souvient Gilles Bontemps qui a exercé pendant près de quarante ans aux Rosiers-sur-Loire, à 17 km de Saumur. J’ai donc décidé d’y participer. »

 


Dr Gilles Bontemps, (à g.), et Yves Leprêtre, (à d.). © G.B.

Novembre 2018. Le centre communal de santé – financé par le centre communal d’action sociale (CCAS) et des dotations de l’agglomération, de la Région, de l’agence régionale de santé (ARS) et de la CPAM – ouvre ses portes dans un quartier prioritaire de la politique de la ville car « notre analyse des besoins sociaux avait notamment révélé un non-recours de cette population aux services de santé », souligne Yves Leprêtre, directeur général des services de la ville de Saumur, du CCAS et du centre communal de santé. Dix médecins généralistes, tous retraités, y sont recrutés pour dispenser des consultations de médecine générale, à raison d’un jour travaillé par semaine et de deux praticiens présents quotidiennement. Tous sont salariés du CCAS, « ce qui représente un grand intérêt car nous n’avons plus de gestion administrative à notre charge », souligne le médecin.

Afin d’éviter toute concurrence, le centre de santé est accessible uniquement aux personnes sans médecin traitant ou en cas d’absence des médecins libéraux. À ce jour, 1 700 dossiers patients ont été ouverts.

Faire perdurer l'offre de soins

Dès le lancement de la structure, les médecins ont souhaité recevoir des internes en stage. Un objectif rendu possible grâce à deux médecins retraités, maîtres de stage. Leur objectif : « motiver les jeunes à venir s’installer sur le territoire », rapporte Gilles Bontemps. Car le centre anticipe la création d’une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), financée par l’agglomération et l’ARS, et qui devrait ouvrir d’ici fin 2020, avec huit cabinets de consultation. « Le centre a permis de faire connaître la ville à des jeunes praticiens, se félicite Yves Leprêtre. Aujourd’hui, quatre médecins se sont déjà manifestés pour intégrer la future MSP, dont les locaux appartiennent à la ville. Ils en seront les locataires. » Les soignants bénéficieront de personnel mis à disposition par la ville pour l’accueil des patients et la prise de rendez-vous.

La mairie n’entend pas pour autant fermer le centre communal de santé qui devrait, par la suite, être dédié aux personnes bénéficiaires des aides pour la couverture santé. « Des jeunes souhaitant exercer en salariat pourraient, par la suite, prendre le relais des médecins retraités », soutient Yves Leprêtre.

La municipalité est aussi ouverte à plusieurs modèles d’organisation : le nomadisme du centre au sein de la ville est envisagé tout comme une mixité des statuts des professionnels de la future MSP. « Nous attendons les retours d’expérimentations réalisées dans une autre ville avant de choisir nos orientations car à terme, ce sont les professionnels de santé qui devront élaborer ensemble leur projet de santé », conclut Yves Leprêtre.

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