Elle est arrivée par l’entrée parking, préférant, "pour plus de discrétion" éviter le hall d’accueil, nous souffle-t-on. "Dans le cadre de ses travaux autour des structures d’exercice coordonné", Agnès Firmin Le Bodo s’est rendue ce lundi matin à Ipso Santé Italie, située dans le 13e arrondissement parisien pour "faire un point avec les équipes sur le fonctionnement de [la structure], l'organisation des équipes et leur mode de financement", précise le communiqué du ministère. Une visite d’une heure et demie environ pendant laquelle la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé a notamment pris le pouls de l’équipe de soins primaires sur l’expérimentation article 51"Contrat médecin traitant renforcé" en place depuis le 16 juin 2020.

photo : K.R.


Nous vous en parlions au lancement de l’expérimentation en 2020 : d’une part, un suivi médical renforcé du médecin traitant et une plus grande disponibilité des autres professionnels de santé. De l’autre, le patient qui s’engage à consulter uniquement dans la structure, hors situation d’urgence ou éloignement du domicile. Une sorte d’"engagement moral ", expliquait alors Marie Benque, l’une des médecins associés : "Rien n’oblige le patient à consulter dans la structure, mais cela fait sens pour lui, car le but est de mieux le suivre." À ce jour, 28 médecins généralistes, 5 sages-femmes, 3 infirmières libérales, 2 infirmières en pratique avancée, 1 coordinatrice sociale, 21 assistants médicaux et 4 coordinateurs de cabinet sont impliqués dans l’expérimentation, explique Simon Champetier, projet manager chez Ipso Santé
 

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Objectif du dispositif : agir sur le mode de financement du médecin traitant afin de permettre, explique-t-il, "davantage de dépistage et de prévention ainsi qu’une meilleure coordination entre les acteurs grâce à la mutualisation des ressources et à la délégation de tâches, un suivi complet du patient avec une prise en compte des facteurs psychologiques et sociaux, ainsi qu’une vraie capacité à agir en finançant des soins extérieurs au système actuel afin d’éviter le renoncement aux soins". Cette prise en charge s’accompagne d’un paiement par capitation modulé en fonction des catégories de patients.

 



 

Face à la ministre, l’équipe a livré les premiers enseignements de l’expérimentation. Pour Marie Benque, il semble évident que "la rémunération par capitation mensuelle du médecin généraliste, applicable au libéral comme au salariat, permet de recentrer les médecins sur des tâches à valeur ajoutée (écoute, diagnostic et pédagogie), de favoriser les actions de prévention en santé et d’améliorer la satisfaction des patients et des médecins". D’ailleurs, l’équipe compte 12 installations de médecins généralistes, dont deux primo-installations, depuis le début de l’expérimentation et un taux de rendez-vous non honorés de 2.1%, contre 4.2% en moyenne pour l’ensemble de la patientèle Ipso et un standard compris entre 6 et 10%, précise l’Ordre des médecins.
 

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"Nos efforts de délégation sont concentrés sur les patients les plus consommants", poursuit Marie Benque. Et la logique forfaitaire du "contrat médecin traitant renforcé" a permis de mettre en place un parcours d’accompagnement psy pour les patients vulnérables, une fonction coordination sociale pour le suivi médico-social et l’embauche d’infirmières en pratique avancée pour l’aide au suivi des patients ALD ou pour la mise en place d’ateliers d’éducation thérapeutique ainsi que les visites des patients dépendants.

En moyenne, le médecin généraliste réalise 4,4 consultations et 7,6 interactions (téléphone, mail, messagerie etc. hors téléconsultation) par patient par an. Pour un médecin traitant qui consulte environ 35 heures par semaine, cela représente entre 1 200 et 1 500 patients par médecin traitant. Et peu refusent d’adhérer au contrat médecin traitant renforcé, précise Marie Benque, "moins de 1%".

Si le rapport intermédiaire de l’expérimentation doit être rendu entre avril et septembre pour un rapport final fin 2024, la ministre a glissé qu’il serait mieux qu’il soit rendu avant « novembre, voire octobre » notamment en vue du prochain PLFSS.

À fin décembre dernier, l’expérimentation avait inclus 10 154 patients.  L’objectif est de parvenir à 28 000 d’ici fin 2024.

 

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