On le savait déjà et la tendance se confirme. Année après année, "on voit une concentration des dépenses de santé autour des maladies chroniques", a relevé Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie, lors d'une présentation à la presse, hier, du nouveau site Datapathologies retraçant les remboursements pour 57 catégories de maladies, par région ou département, de 2015 à 2020. À compter d'aujourd'hui 21 juin, sous la forme d’une cartographie interactive des pathologies et dépenses de santé de 2015 à 2020, ce nouveau site met à disposition ses données sur les pathologies en France. Au cœur de cette innovation, explique l’Assurance maladie, dans un communiqué publié hier soir, "les résultats de la cartographie médicalisée des dépenses", un travail d’analyse "exigeant" réalisé chaque année par la Cnam pour "faire parler", via des algorithmes, un volume très important de données de facturation. Comme la Cnam gère "le remboursement des soins de plus de 68 millions d’assurés", elle est à ce titre "sans doute le plus grand pourvoyeur de données de santé du pays. Ce qui nous donne une grande responsabilité, notamment pour faire progresser l’open data en santé en France", a précisé Thomas Fatôme.

 

"Le poids des maladies chroniques"

En 2020, les données de 66,3 millions de personnes ont été agrégées, soit pour un montant global de dépenses de 168 milliards d’euros. Au total, plus d’1,5 milliard de feuilles de soins sont passées au crible par la Cnam pour rendre exploitables ces données. Plus lisibles, les informations sont désormais présentées sous la forme d’infographies interactives, à la fois pour 2020 et sur cinq ans (entre 2015 et 2020), pour en montrer l’évolution.


 

À quelques jours du rapport "Charges et produits 2023" sur ses pistes d'économies [attendu en juillet prochain, NDLR], Thomas Fatôme pointe ainsi "le poids des maladies chroniques" dans ses dépenses, dont les données par pathologies seront accessibles dès demain via un site en opendata, précise l’AFP. En effet, les chiffres les plus récents font état d’un total de 168 milliards dépensés pour la prise en charge de plus de 66 millions de malades, dont 104 milliards au titre des pathologies chroniques (62%). Soit une progression d'un point par rapport à 2019, essentiellement en raison de la chute des hospitalisations "ponctuelles" pendant les confinements dus aux premières vagues de Covid-19.

Pour autant, l'analyse sur plusieurs années met en évidence "des facteurs extrêmement lourds qui poussent à la hausse", a souligné Thomas Fatôme. Ainsi, en cinq ans, le nombre de malades a ainsi augmenté de 440 000 pour le diabète et de 540 000 pour les pathologies cardio-vasculaires.
 

Focus

En chiffres

> 62% des dépenses concernent les pathologies et traitements chroniques (soit 104 milliards d’euros)
> 4 300 euros, c’est le coût moyen par patient chronique en 2020
> 36% des dépenses touchent à la santé mentale, aux cancers et aux maladies cardiovasculaires
> 2 800 euros, c’est le coût moyen par patient des dépenses liées à la santé mentale
> 56% de la population a reçu uniquement des soins dit "courants"
> +10.3%, c’est la hausse de la dépense totale de la consommation de soins remboursées de l’ensemble des régimes (soit 15,7 milliards d’euros)
> 17,8 milliards d’euros, soit le montant de la prise en charge des maladies cardiovasculaires : maladie coronaire (4,3 milliards), accidents vasculaires cérébraux (3,9 milliards) et insuffisance cardiaque (3 milliards)
 

Il sera possible de naviguer par le biais de deux entrées : par pathologie (57 pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins – diabète, syndrome coronaire aigu, insuffisance cardiaque, cancer, maternité, etc. – sont répertoriés) et par territoire (une vision régionale et départementale qui permet comparer les territoires entre eux ou par rapport à la situation nationale. Le site présente également de nouvelles données sur les patients hospitalisés pour Covid-19. Quels sont les effectifs de patients pris en charge pour ces différentes pathologies ? Comment évolue la prévalence ? Quelles sont les dépenses remboursées affectées à chaque pathologie identifiée ? Autant de questions auxquelles pourra répondre Datapathologies. Des analyses qui permettent à l’Assurance maladie d’assurer ses "missions socles : actualiser [sa] connaissance des modalités de prise en charge des patients, renforcer la prévention sur certaines pathologies, lancer des actions correctives ad hoc. Tout ceci au service d’une meilleure qualité de la prise en charge des patients, une plus grande pertinence des soins et une bonne gestion des deniers publics", a précisé Thomas Fatôme, ajoutant que cet outil permettra également au débat sur la politique de santé d’être "plus pertinent" car il se base sur des "données étayées" : "Notre responsabilité est de provoquer ce débat", a-t-il ajouté.
 

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