"Les spécificités d’exercice, le nouveau visage de la profession ?". Telle était la thématique des Assises nationales de la kinésithérapie qui se sont déroulées les 3 et 4 juin dernier à Arles. A cette occasion, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) a révélé les résultats de son enquête nationale (réalisée auprès de 1 100 professionnels). Ainsi, 8 kinésithérapeutes sur 10 auraient une ou plusieurs "spécificités d’exercice" : 8% des répondants proposent une prise en charge vestibulaire, 16% font de la kiné du sport, 10 % pratiquent la rééducation maxillo-faciale et 7% traitent les cicatrices. Des spécificités que 70% d’entre eux ont fait reconnaître auprès du Conseil de l’Ordre, les autres s'étant "autoproclamés".

Globalement, les masseurs-kinésithérapeutes rencontrent une difficulté principale : celle de la constitution d'un réseau. Seuls 16% y parviennent, moins d’un an après leur installation, 42% parviennent à créer ce réseau au bout de un à trois ans, et ils sont plus de 41% à y parvenir après plus de trois ans. Les kinés qui ont une spécificité d'exercice n’hésitent pas à adresser leurs patients vers leurs confrères ayant eux aussi d’autres spécificités en cas de cas complexe. Et 8 masseurs-kinésithérapeutes sur 10 se mettent directement en relation avec le confrère à qui ils adressent le patient. Car 'le kinésithérapeute est le mieux placé pour orienter un patient complexe vers un autre professionnel de santé", estiment 60% des répondants, d’autant que le kinésithérapeute généraliste n’est pas toujours en capacité d’apporter les soins les plus appropriés.

 

"Réparer les gens abîmés"

Au regard de l’évolution du métier et des compétences acquises au cours des trente dernières années, la FFMKR a échangé sur l'intitulé de la fonction de "masseur-kinésithérapeute", rappelant que le terme a vu le jour en 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, car il fallait "réparer les gens abîmés", explique Sébastien Guérard, son président, contacté par Concours pluripro. Une profession née de la fusion des gymnastes médicaux et des hydrobalnéothérapeutes, en s’inspirant du mot grec "kinesis" signifiant "le mouvement". "Ce qui ressort du cadre général, c’est que le préfixe 'masseur' est aujourd’hui réducteur, voire péjoratif, au regard de ce qu’est devenu le métier", explique-t-il. Il est vrai que jusqu’au début des années 2000, notre profession avait le monopole du massage. Mais ce n’est plus le cas aujourd'hui. De même, à l’époque, nous étions des 'exécutants techniques' de la prescription médicale du médecin..."

A la dénomination "masseur-kinésithérapeute", 77% des répondants préfèrent celle de "kinesithérapeute" tandis que 48% se reconnaissent dans l'intitulé de "physiothérapeute". "Si cette dernière proposition correspond à la dénomination internationale, il faut néanmoins prendre en compte notre visibilité vis-à-vis des tutelles, des usagers et des professionnels de santé. Car le mot 'kinésithérapeute' parle clairement à tout le monde, pointe Sébastien Guérard. Pour ce qui est de la reconnaissance internationale, rappelons que sur notre carte professionnelle ordinale, la notion de physiothérapeute figure sous celle de masseur-kinésithérapeute. Peut-être pourrait-on continuer à associer les deux mots pour un changement progressif ? Bien évidemment, la FFMKR n’entamera aucune démarche dans un sens ou dans l’autre tant que ses adhérents n’auront pas été sondés. Nous envisageons un référendum."

Un combat en parallèle de celui que mène la FFMKR - avec la Fédérations française des praticiens en santé (FFPS) - pour la disparition de la terminologie d'"auxiliaires médicaux" qui introduit "une sorte de hiérarchisation" au même titre que celui de "masseur-kinésithérapeute" qui est "très très loin de ce qu'est devenu un kiné aujourd'hui, un ingénieur en santé, diplômé bac + 5, capable de poser un diagnostic...", précise Sébastien Guérard.

 

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