« Quand les offreurs de soins deviennent des acteurs de santé, quand les libéraux et l’hôpital réfléchissent ensemble aux problèmes rencontrés sur un territoire et agissent ensemble pour prendre en charge la population et non pas seulement des patients qui franchiraient le seuil des cabinets ou de l’hôpital, on est dans une démarche de responsabilité populationnelle. Je considère que la mission d’un hôpital, c’est de se projeter dans une logique populationnelle pour mieux connaître les problèmes en local et essayer d’apporter des réponses fines », décrypte Bruno Faulconnier, directeur du centre hospitalier de Niort, précurseur de cette approche dans les années 1990, où il menait déjà une expérimentation dans le bassin de Clamecy (Nièvre). « Nous nous étions rendu compte qu’en échangeant, on avait déjà des réponses à beaucoup de questions. » 

Une histoire de strates

Alors que le département des Deux-Sèvres est l’un des cinq territoires d’expérimentation de la démarche de responsabilité populationnelle, deux parcours cliniques sont en cours d’élaboration sur l’insuffisance cardiaque et la prise en charge du diabète, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale article 51.

Depuis six mois, des groupes de travail de 20 à 30 personnes se réunissent à la CPTS du Niortais : médecins généralistes, pharmaciens de ville, infirmières libérales, dentistes, hospitaliers (médecins, pharmaciens, infirmières), laboratoire de biologie, etc. « Pour l’insuffisance cardiaque, nous avons identifié 4 ou 5 strates de prise en charge, en essayant de décrire quel est le volume de la population à risque identifié (strate 0) aux cas graves (strate 4). Le but est de faire en sorte qu’en dépistant plus vite, les gens ne passent pas dans la strate supérieure plus grave. Aucune des zones n’a abouti encore à un résultat final, mais on a déjà travaillé des préconisations sur les strates 0, 1, 2 et 3. On espère, d’ici le mois de juin, avoir un programme complet et établi et commencer à mettre en place nos actions début 2021. »

Le territoire de 375 000 habitants s’est structuré depuis plusieurs années. « On a écrit notre projet de GHT avec l’idée que les CPTS seraient représentées de plein droit au GHT, qui est également ouvert au médicosocial. Un représentant des médecins généralistes siège au comité stratégique », précise Bruno Faulconnier, qui participe à la plupart de ces réunions et constate que le travail commun est de plus en plus efficace. La CPTS a souhaité se faire accompagner par un cabinet de consultants qui aide à animer les débats et à recueillir le résultat de chaque réunion. « On fait de la santé publique, et pas seulement une offre de soins qui serait aveugle aux besoins et aux caractéristiques des populations sur lesquelles on intervient », conclut-il.  

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