Un billet de Sylvain Gautier, médecin de santé publique et médecine sociale, assistant hospitalo-universitaire à l'université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. 

Si l’émergence juridique du concept de « responsabilité populationnelle » est prédictive d’importants changements dans l’organisation du système de santé (intensification des processus de regroupement professionnel et de coordination, développement des fonctions d’appui territorial, rapprochement des services sanitaires et sociaux…), elle ne pourra se concrétiser pleinement qu’à la faveur d’une cruciale évolution des représentations et des savoirs des différents acteurs territoriaux.

Dans ce contexte, la formation en santé publique apparaît comme un levier essentiel. En l’espèce, il s’agit d’abord de souligner l’intérêt des formations pluriprofessionnelles qui, même si elles se développent entre professions de santé (à l’exemple du service sanitaire), méritent d’être envisagées entre offreurs de soins et professionnels de l’administration de santé.

Il s’agit aussi d’insister sur le besoin d’une méticuleuse articulation entre savoirs expérientiels et savoirs académiques de santé publique. L’enjeu pour les professionnels du soin n’est sans doute pas tant de maîtriser les méthodes de l’épidémiologie ou les ressorts des politiques de santé que d’apprendre la démarche projet et les techniques d’animation, de maîtriser les outils de coordination, de gérer le risque sanitaire ou encore de protéger les données de santé. Cet apprentissage d’une pratique de santé publique fondée sur les preuves est alors à envisager en cohérence avec les besoins de santé spécifiques d’un territoire.

On ne saurait méconnaître les préceptes de l’intervention sociale et communautaire qui imposent de tenir compte des caractéristiques socio-sanitaires d’une population mais aussi du contexte sanitaire global (offre de santé disponible, démographie des professionnels, dynamique associative…). Une formation au contact de ces réalités territoriales spécifiques est donc à favoriser.

L’université est à même de promouvoir de telles formations pluriprofessionnelles, théoricopratiques et territorialisées. Elle peut profiter d’un positionnement à l’interface entre terrain et administration et d’un ancrage territorial non contesté. Le développement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) apparaît comme une opportunité d’y déployer ces formations. La mise en œuvre de la responsabilité populationnelle pourrait se concrétiser par le rapprochement entre les UFR de santé et les CPTS dont on peut suggérer qu’elles évoluent vers des communautés professionnelles territoriales de santé universitaires (CPTS-U). 

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