Soigner autrement. Au congrès "Santé en 2050", organisé par l'association Les Shifters, le 28 juin dernier à Lyon, une table ronde – dont le fil rouge était le cancer – a interrogé "les alternatives au tout médicament". Et d'emblée, Grégory Ninot, professeur et chargé de recherche à l'Institut du cancer de Montpellier, président de la Non Pharmacological Interventions society (NPIS), et directeur adjoint de l’Institut Desbrest d’épidémiologie et de santé publique, a tenu à clarifier les choses. Car dans son livre blanc, la NPIS définit les interventions non médicamenteuses comme un "protocole de prévention santé ou de soin efficace, personnalisé, non invasif, référencé et encadré par un professionnel qualifié". Et son président a rappelé que "l’on parlait bien ici d'interventions non médicamenteuses et non de médecine alternative. Or les protocoles immatériels de prévention et de soins sont paradoxalement assez peu connus. C’est un sujet important qui nécessite de nombreuses recherches. Nous avons besoin de pouvoir les valider, d’avoir un référentiel, d’échanger les bonnes pratiques et d’avoir le retour d’usage des praticiens et des usagers."
En cancérologie, les interventions non médicamenteuses sont utilisées au moins depuis le 1er Plan Cancer de 2003. "Les patients atteints de cancer ont demandé à bénéficier depuis de nombreuses années d'interventions non médicamenteuses pour pouvoir mieux gérer leur maladie mais aussi leur traitement, a précisé Audrey Murat-Ringot, docteure en santé publique, responsable du centre de coordination en cancérologie des Hospices civils de Lyon (HCL), chercheuse associée au sein du laboratoire UR 4129 P2S (Lyon 1). Dès l’annonce d’un diagnostic, nous proposons au patient de bénéficier de soins de support. Ce n’est pas pour remplacer ou pour être une alternative mais vraiment pour être en complément du traitement qui va être délivré tout au long de son parcours de soins." Ainsi, les HCL ont intégré des séances de réflexologie plantaire (soin non invasif) réalisées directement au lit des patients. "Les patients sous chimiothérapie ont témoigné d’un bénéfice immédiat au niveau de la gestion de leurs nausées avec une baisse, voire plus de nausées du tout, alors que les traitements antiémétiques s’avéraient inutiles ou inefficaces, a expliqué Audrey Murat-Ringot. Ils ont trouvé un vrai bénéfice pour leur qualité de vie et pour mener à bien leur traitement de chimiothérapie."
Le casque de réalité virtuelle est une autre intervention non médicamenteuse effective aux HCL pour les patients pris en charge en soins palliatifs au niveau de la gestion de la douleur. Écouter un conte, voler en montgolfière ou encore descendre une rivière calme à bord d’un canoë... "Pendant une séance avec le casque de réalité virtuelle dite d’évasion, un soignant a pu réaliser un prélèvement sur un patient qui était devenu trop douloureux et refusait d’être piqué, poursuit-elle. Cela a été un vrai soulagement pour le soignant et bénéfique pour le patient."