"Ma femme, c'est une battante", confie fièrement Francis, 75 ans, à nos confrères de l’AFP. Sa femme, c’est Julia – tous deux ont choisi des noms d'emprunt pour rester anonymes – victime d’un AVC il y a quelque temps, la dame de 78 ans est restée depuis, "toute mélancolique". Chaque mois, elle reçoit la visite d'une infirmière de l’unité mobile psychiatrique Goya, un dispositif développé en Charente pour faciliter l'accès aux soins des personnes âgées. Composée d'une psychologue, d'un psychiatre, d'une assistante sociale, d'une référente pharmacienne et d'une infirmière en pratique avancée, l’équipe mobile intervient sur demande d'un proche, d'un médecin ou du patient lui-même, et renouvelle les ordonnances tout en adaptant les traitements médicaux. Pour Isabelle Varenne, infirmière au sein de Goya, "hospitaliser une personne âgée peut s'avérer préjudiciable", en raison du "changement du lieu de vie et de l'angoisse que cela peut susciter", explique-t-elle à l’AFP.

Suivie depuis juillet par l'équipe mobile psychiatrique de l’établissement psychiatrique Camille Claudel à La Couronne, le seul public de ce type en Charente, Julia raconte sa "perte de moral" et sa "peur de rester seule", son souhait de "partir, pour ne plus embêter personne". En 2023, l’OMS a déclaré que 5,7 % des personnes de plus de 60 ans souffraient de trouble dépressif, pourtant pour Florence Jourdain, cadre en santé au centre hospitalier Camille Claudel, la santé mentale des seniors reste peu considérée. "On rationalise leur souffrance en se disant que c'est comme ça, ils sont vieux." En Charente, Goya offre un espace de verbalisation des souffrances, ici les infirmières effectuent deux visites par jour. Ici, "ce n'est plus aux patients de s'adapter au cadre institutionnel", raconte Nadia Généraux, l’infirmière de Julia, aussi membre de Goya. Les aidants, aussi fragilisés par la prise en charge de leurs proches, peuvent bénéficier du soutien de ce dispositif qui s’inscrit dans un virage ambulatoire de la psychiatrie. Alors, tout comme sa femme, Francis a échangé avec Nadia Généraux et rencontré le psychiatre. "Il est important de prendre du temps pour vous", lui a conseillé l'infirmière. Conscient de l’importance de son rôle dans la prise en charge de sa moitié, Francis est allé "retrouver des copains" le 1er mai et  "manger le casse-croûte" le temps d'une journée.

[Avec l’AFP]
 

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