"Il n'y a personne qui peut faire ce que fait cette sage-femme." Directrice du dispositif d'appui à la coordination aveyronnais (DAC 12), Sophie Rebois revient volontiers sur la création du poste de sage-femme coordinatrice. "C'est un très grand département, mais très peu peuplé. Forcément il y a des difficultés au niveau des maternités". C'est après ce constat et la fermeture de la maternité Decazeville en 2017, que vient l'idée de création du poste. "C'était d'abord une volonté de savoir s'il y avait un besoin de coordination des parcours des femmes enceintes en situations de vulnérabilité, pendant et après la grossesse. Ce qui était un projet expérimental s'est finalement avéré nécessaire." Finalement, le dispositif s'est vu soutenu par l'ARS Occitanie et le Réseau de périnatalité, car sur le territoire les femmes enceintes, dites en "situation vulnérable", sont majoritairement en rupture de soins, "elles ne veulent voir ni la Protection maternelle et infantile (PMI), ni aller à l'hôpital", confie Sophie Rebois. 

Diplômée d'un DU d'Éthique, en plus de son diplôme de sage-femme c'est Emmanuelle Clozier-Vallat qui remplit ce poste de coordinatrice depuis sa création. "Je suis neutre donc je suis très bien accueillie par les patientes", précise-t-elle. Souvent alertée par les autres sage-femmes du département, pour la plupart formées au repérage des femmes enceintes en situation de vulnérabilité, Emmanuelle Clozier-Vallat se déplace à domicile, dans les hôpitaux mais aussi au sein des PMI et des centres de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA). "Même après trois ans, je vois bien que ça reste difficile pour les femmes de passer les portes de ces centres-là. Avec moi, la question de la consommation des substances est seulement "abordée" lors de la consultation mais que ça n'en est pas le sujet, ça change la donne pour elles."  Souvent confrontée à des femmes "addictes ou ayant des pathologies mentales", la sage-femme coordinatrice promeut "une approche de tolérance et non pas de jugement". 

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Pour aider les patientes lors de leur parcours de grossesse, Emmanuelle Clozier-Vallat peut s'appuyer sur différents "collègues", aussi bien d'autres sages-femmes que des médecins traitants ou directement le personnel d'une maternité. Lors de la prise en charge d'une patiente enceinte, "des réunions sont organisées avec les autres professionnels de santé pour échanger sur la situation et fluidifier le parcours".  

L'objectif de la sage-femme coordinatrice, "c'est d'avoir un vrai lien avec ces acteurs et d'éviter des situations à risque pour les femmes". Un travail en complémentarité qui apporte beaucoup aux patientes. "Elles se sentent mieux préparées à la naissance et aux possibles difficultés que pourrait avoir le bébé comme les troubles psychiques ou même la difficulté de création du lien parent-bébé". Un poste complet que la sage-femme coordinatrice apprécie beaucoup : "J’ai cet aller vers qui complète le repérage de mes collègues en périnatal sur le territoire" 

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