Il est passé relativement inaperçu alors qu’il pourrait modifier considérablement le déroulé des prochaines sessions de négociations conventionnelles. "La validité des accords interprofessionnels relatifs aux organisations visées aux articles L. 1434‑12 et L. 6323‑3 du code de la santé publique est subordonnée à leur signature par au moins une des organisations représentatives des professions représentant ensemble au moins 50 % des effectifs exerçant dans le cadre de ces organisations et par au moins une des organisations représentatives des structures concernées." Ce petit alinéa, rajouté à l’article 22 du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, vient en effet rajouter, à la liste des signataires des accords conventionnels interprofessionnels (ACI), les fédérations représentatives des structures coordonnées. Une nouvelle qui a "étonné tout le monde" confesse David Guillet, nouveau président de la Fédération nationale des CPTS.
"Ce n’est pas une demande de notre part, ajoute l’infirmier libéral. Mais il est vrai que c’est très valorisant : ça donne une vraie voix aux fédérations dans les discussions nationales et c’est une vraie reconnaissance du poids qu’elles ont pu prendre au fil du temps." La FCPTS comptant "un comité d’interface où sont invités les 45 syndicats monoprofessionnels. Les sujets de discussion tournent forcément autour de l’exercice pluripro et des CPTS, et on leur fait des remontées terrain", le risque est "d’avoir à la fois une lutte en interne avec notamment du lobbying qui ferait qu’on n’aurait plus nos missions en ligne de mire… mais aussi de perdre cet objet éminemment important de co-construction avec les acteurs car l’aspect trans-partisan est plus simple à gérer au quotidien".
S’il a pris connaissance de cet alinéa, il avoue volontiers avoir besoin "d’une explication de texte", lance Pascal Gendry, président d’AVECSanté : "On voit bien que le système conventionnel est à bout de souffle et qu’il faut certainement imaginer des évolutions qui permettent à des organisations représentatives de pouvoir s’exprimer au moment des négos qui portent sur leur avenir et le financement de leurs actions." Regrettant que la fédération des maisons de santé ne soit pas invitée à assister aux échanges conventionnels jusqu'alors, le médecin généraliste se dit "mobilisé" pour pouvoir apporter "une voix complémentaire aux organisations syndicales". Et si "l’ADN d’AVECSanté, c’est le pluripro", il est essentiel, à ses yeux, "que chaque profession soit également représentée, respectée et trouve les moyens de son développement au sein de l’équipe".