"Du rural isolé, à l’urbain dense, on s’aperçoit aujourd’hui que la difficulté d’accès aux soins est présente sur tous types de territoire”, lance Joy Raynaud, géographe de la santé, lors de l’atelier d’ouverture de la Journée annuelle de l’expérience patient (JAXP). “Dans un système contraint, lui-même soumis à un budget contraint, il est important de se demander : que souhaite l’usager ?”, poursuit-elle. La question, qui peut sembler vaste au premier abord, reste finalement la réalité de beaucoup de patients avec ou sans médecin traitant au quotidien : l’usager préférera-t-il un rendez-vous sous 24 heures mais à 1h30 de son domicile ? ou un rendez-vous dans un mois mais à 10 minutes de son domicile ? “En allant un peu plus loin, approfondit Joy Reynaud, le patient priorisera-t-il un rendez-vous demain, à 10 mins de chez lui mais avec un reste à charge important ? Ou un rendez-vous demain, à 10 minutes de chez lui, sans reste à charge mais… dans une télécabine ?” Preuve que ces dimensions d’accès au soin ne sont pas les mêmes pour tous mais restent définis par ce "système de santé contraint”. 

de gauche à droite : Antoine Malone, responsable du pôle Prospective à la FHF, Pauline Maisini, directrice d’hôpital à l'AP-HP, Pascal Forcioli , membre du Haut conseil de la santé publique et Joy Raynaud, géographe de santé et consultante spécialiste de l'accès aux soins et des inégalités territoriales de santé

Education thérapeutique, conseils alimentaires, pratique sportive adaptée, soins de premier recours... Pour Antoine Malone, responsable du pôle prospective à la FHF, “la dimension ‘santé’ est multiple et surtout ne s’arrête pas juste au médecin”. Une vision pluriprofessionnelle inconsciemment déjà présente chez les patients poursuit-il, mais aussi chez les professionnels de santé. "Si on demande à un diabétologue la priorité du diabète sur son territoire, sa réponse ne sera pas la même qu’un médecin généraliste, dont la réponse différera aussi du pharmacien.” La prise en charge pluriprofessionnelle sur un territoire reste une piste pour l’amélioration de l’expérience patient sur un territoire.  

Mais dans cette poursuite d’un accès aux soins égalitaire ou du moins équitable sur le territoire, Joy Reynaud vient rappeler que de nombreux inconnus rendent la tâche difficile d’atteinte. "Nous n’avons pas de données sur le parcours des patients, on ne sait pas combien de fois ils ont essayé de joindre un médecin avant d’avoir un rendez-vous ? Au bout de combien de difficultés de prise en charge, le patient a-t-il arrêté son parcours de soins ?” Dans cette équation aux multiples inconnus, les CPTS peuvent être des leviers "extraordinaires", intervient une spectatrice dans l’assemblée, avant de préciser qu’une “acclimatation des professionnels sur ce qu’est l’expérience patient, est nécessaire”. 

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