"Plusieurs dispositifs ont été mis en place ces dernières années pour décloisonner les parcours professionnels et inciter au développement de nouveaux modes d’organisation des soins. Force est néanmoins de constater qu’ils sont encore loin d’insuffler un meilleur partage des tâches et une vraie dynamique de coopération entre les professionnels de santé", rappelle M. Isaac-Sibille. Parmi ces dispositifs figurent la pratique avancée, l’exercice coordonné et les protocoles de coopération. Les propositions faites dans son rapport visent à aller plus loin, avec pour objectif de libérer du temps médical, de faciliter l’accès aux soins mais également de mieux reconnaître le rôle aujourd’hui joué par les professions paramédicales, d’enrichir leurs missions et de leur donner de vraies perspectives de carrière.

Pour instaurer une logique "'de l’escalier" (dans cette nouvelle approche, chaque professionnel verrait progressivement son champ de compétences étendu), quatre leviers, détaillés ci‑après peuvent être actionnés :
– le renforcement des compétences socles : il est essentiel de lutter contre la dégradation des métiers socles et d’engager la révision des listes d’actes que peuvent réaliser les professionnels paramédicaux lorsque celles‑ci sont devenues obsolètes ;
– la montée individuelle en compétences : s’il est compliqué, à moyen terme, de modifier les compétences de l’ensemble d’une profession, il est envisageable de faire évoluer, individuellement, les professionnels qui auront acquis tel ou tel savoir-faire. Il s’agit notamment de mieux valoriser les compétences acquises dans le cadre des formations prévues par les protocoles de coopération. L’octroi d’unités de valeur universitaire pourrait, par exemple, venir sanctionner le suivi d’une formation et l’acquisition d’un savoir‑faire. Cela permettrait aux professionnels de conserver leurs nouvelles compétences pour le restant de leur carrière, même en dehors de tout protocole de coopération ;
– la création de nouvelles spécialités : celles-ci peuvent être envisagées dans des cas bien précis mais elles ne doivent pas constituer la voie privilégiée pour faire évoluer les professions de santé ;
– l’accès à la pratique avancée : l’évolution des professions de santé passe par le renforcement de l’exercice en pratique avancée pour les infirmiers (en adaptant le modèle économique, surtout en libéral) et par la création d’un tel exercice pour d’autres auxiliaires médicaux, au premier rang desquels les techniciens de laboratoire et les manipulateurs en électroradiologie.
Les coopérations entre les professionnels de santé doivent également être développées. Le numérique doit devenir un levier pour améliorer les collaborations. "Il n’est pas normal que des freins techniques empêchent encore les professionnels de recueillir et d’échanger entre eux des informations dans un format standardisé", pointe le rapporteur. Les expérimentations de nouvelles modalités de financement doivent, en parallèle, être poursuivies.