"Le département des Alpes-de-Haute-Provence est celui qui a le plus faible taux de spécialiste par habitant en Paca : 55 médecins spécialistes pour 100.000 habitants, soit presque 3 fois moins que la norme sur l’ensemble du territoire", révèle Bertrand Biju-Duval, directeur départemental de l’ARS des Alpes-de-Haute-Provence. Et bien que la situation semble très légèrement s’améliorer, Bertrand Biju-Duval ne se "fait pas d’illusions" et ne s’attend pas à voir "des installations massives de spécialistes dans les années à venir". Les Alpes-de-Haute-Provence s’avèrent être également le plus grand département du Paca mais aussi, le moins dense avec 170.000 habitants sur un territoire très vaste. "Cela ajoute encore une problématique d’accès aux soins. Cependant, le réseau d’officine s’avère assez bien constitué."

Le point de départ de l’expérimentation de téléophtalmologie trouve sa source dans une réflexion commune avec les pharmaciens des CPTS du département. "Nous savons que le métier de pharmacien a vocation à évoluer et à s’occuper de nouvelles missions, notamment en termes d’accès aux soins", poursuit Bertrand Biju-Duval. 

 

La rétinopathie diabétique dans le viseur

Ce dispositif, lancé courant octobre, embarque un rétinographe disposé dans la pharmacie du Verdon et s’adressant aux patients diabétiques, avec des critères d’inclusion et d’exclusion. "Les pharmaciens, par les prescriptions qu’ils délivrent, connaissent très bien leurs patients diabétiques, explique Bertrand Biju-Duval. Toutes les officines de la CPTS du Verdon ont appelé leurs patients diabétiques afin de leur proposer de venir faire un test." Car le rétinographe permet de détecter des pathologies de l’œil qui peuvent s’avérer graves si elles ne sont pas prises en charge à temps (rétinopathie diabétique et dégénérescence maculaire liée à l’âge). "Sur le long terme, nous aimerions ouvrir le dispositif à d’autres catégories de la population et à d’autres pathologies, même si pour l’instant, la rétinopathie diabétique reste la priorité, car le diabète demeure la première cause de cécité en France."

La prise en charge du patient dure entre 15 et 20 minutes. "Le pharmacien est formé au fonctionnement de la machine mais aussi, à l’analyse des clichés", rapporte Bertrand Biju-Duval. L’intelligence artificielle présente dans la machine permet de rédiger un premier rapport ainsi qu’une pré-analyse. Tout cela est ensuite envoyé, via une plateforme dédiée, aux rétinologues participants situés à Aix-en-Provence (il n’y a pas de rétinologues dans les Alpes-de-Haute-Provence). Point fort du dispositif : le spécialiste a 7 jours pour retourner le résultat et ses indications. "Et en fonction des résultats, le patient peut être reçu en urgence chez un spécialiste."

Pour l’heure, le rétinographe se trouve à la pharmacie du Verdon à Moustiers-Sainte-Marie. "Dès que nous aurons atteint un certain nombre d’actes, l’appareil sera transporté dans une autre officine et ainsi de suite, jusqu’à ce que nous ayons environ 200 actes. Ce qui nous permettra de réaliser une évaluation complète avec des statistiques significatives. Cela devrait être aux alentours de mars/avril 2025", précise le directeur départemental.  

 

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