Deux pharmaciens, un infirmier et un médecin généraliste, le débat est ouvert ! Le 7 février dernier, lors de la 14e édition des rencontres de l'Union des syndicats des pharmaciens (Uspo), les partages d'expériences de nombreux professionnels de santé ont animé l'Amphithéâtre Laroque au ministère de la santé. Une journée qui s'est clôturée sur un débat autour de la téléconsultation.  

"La téléconsultation en pharmacie dans les déserts médicaux, c'est primordial", a ainsi lancé Josiane Corneloup, députée de Saône-et-Loire et ancienne pharmacienne, précisant que dans le secteur de Saint-Bonnet-de-Joux, où se situe sa pharmacie, la démographie médicale s'aggrave. En 2014, "il n'y avait que deux dermatologues dans le secteur et ils avaient plus de 55 ans". De plus, l'attente pour un rendez-vous avec un professionnel était de plus de six mois. "C'est donc naturellement que l'idée de la téléconsultation dermatologique s'est imposée dans l'enceinte de la pharmacie", ajoute-t-elle. Un projet mis en place en 2018 et toujours en activité aujourd'hui.  

Un avantage soutenu par Pierre-Olivier Variot, pharmacien et président de l'Uspo... avant de nuancer ses propos en appuyant sur le fait que la coordination pluriprofessionnelle reste, elle aussi, très importante. Au sujet des CPTS, l'objectif est de "travailler les uns avec les autres et non pas les uns pour les autres", assure-t-il, ajoutant qu'à ses yeux, c'est "le patient qui déclenche la coordination". Mais pour le pharmacien, il est nécessaire, pour qu'une CPTS fonctionne, que les acteurs de la santé se rencontrent. 

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Un avis que John Pinte, infirmier et président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) ne partage pas : "Quand on est infirmier, médecin ou pharmacien, c'est parfois difficile de s'accorder sur nos emplois du temps pour se rencontrer." Pour lui, si "une coordination réussie est une coordination qui va améliorer l'accès aux soins pour le patient", la téléconsultation est bien un outil à développer. 

 

Un outil... quand ça marche, affirme Jacques Franzoni, médecin généraliste et président de la CPTS Grand Valenciennes (Hauts-de-France) : "Si le cercle médical est bien défini, c'est faisable mais dans le cas contraire, c'est non… Et puis, le matériel reste de mauvaise qualité." Pour autant, coordination et  téléconsultation ne sont pas opposées, estime-t-il, et devraient marcher "avec un triptyque infirmier, pharmacien, médecin qui fonctionne.... ça ne peut être que positif". Mais sa principale inquiétude demeure le partage de compétences. Quelle place pour quel professionnel ? Et surtout quelle rémunération pour chaque professionnel ?, souligne-t-il.

Justement, la question de la rémunération a été largement débattue. Car le problème principal sur lequel se sont accordés tous les professionnels intervenants est celui du financement de la téléconsultation… Rappelons-le, quand un pharmacien met en place un service de téléconsultation, il perçoit, la première année, une aide forfaitaire de 1.225 euros pour l’équipement de son officine. Il dispose ensuite d’une rémunération à l’acte allant de 25 à 750 euros par an en fonction du nombre de téléconsultations effectuées : 25 euros pour 1 à 5 dans l'année ; 50 euros de 6 à 10, 75 euros de 11 à 15… et enfin, pour plus de 146 téléconsultations dans l'année, le pharmacien perçoit 750 euros. Un système qui explique que "sa mise en place reste difficile", glisse Josiane Corneloup.

 

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