"Au sein du pôle de santé, l’ensemble de l’équipe pluriprofessionnelle souhaitait faire de la prévention autour de l’obésité", explique le Dr Bérangère Boucherle. En juin 2015, ils prennent connaissance d’un appel à projets de l’ARS sur la prévention de l’obésité chez les enfants de 0 à 6 ans, intitulé Petite enfance, alimentation, corpulence, activité physique (Pacap)*. Décidés à y participer, les professionnels se font aider par le Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique (Réppop) 38, et obtiennent le financement de l’ARS. Ce sont les professionnels de santé de la maison médicale du Bérard (Coublevie) qui mettent en oeuvre le projet, notamment deux médecins généralistes, une masseuse-kinésithérapeute, un diététicien, une psychologue et la coordinatrice du pôle.

Élaboration d'une formation

La population prise en charge par les soignants de la maison médicale ne correspond pas à celle visée par l’appel d’offres. "Pour être au contact des populations précaires, qui sont généralement les plus touchées par l’obésité, nous avons démarché des associations, et deux ont répondu à notre offre : un relais d’assistantes maternelles (RAM) et une épicerie solidaire", indique le Dr Boucherle. Le dispositif s’est ensuite déroulé en plusieurs étapes. Après une formation en e-learning en février 2016 sur la nutrition et la précarité, les professionnels de la maison médicale ont élaboré et proposé une formation-action adaptée à la précarité aux huit professionnels et bénévoles des deux structures volontaires.

Le Réppop et l’Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé Rhône-Alpes ont accompagné les professionnels de santé pour l’élaboration de la méthodologie de projet. "Nous avons organisé, au printemps 2017, deux soirées de formation de trois heures chacune, avec un volet alimentation et activité physique, et un autre sur la posture de promotion de la santé", rapporte Sabine Pagès, la coordinatrice. "L’objectif était de leur proposer un bagage commun de connaissances afin qu’ils puissent monter un projet dans leur structure", ajoute le Dr Boucherle.

Deux projets pour le public-cible

Les professionnels de santé leur ont ainsi appris à évaluer les attentes des familles qu’ils reçoivent. Sur cette base, le RAM a mis en place un atelier motricité, avec une partie théorique sur les besoins des enfants et des démonstrations d’activités que les assistantes maternelles peuvent mettre en place avec des moyens simples comme des chaises et des balais. L’Épicerie solidaire a, quant à elle, élaboré un atelier cuisine pour manipuler les produits et a organisé un goûter en présence des enfants et des parents.

Les professionnels de la maison médicale ont ensuite organisé une réunion avec l’Épicerie solidaire et le RAM afin d’évaluer leur action, l’impact de la formation-action et leur volonté ou non de reconduire des projets. "Ce qui est important, c’est l’effet boule de neige puisque les personnes formées peuvent transmettre leurs connaissances à d’autres sur des postures de santé publique", soutient le Dr Boucherle. "L’ensemble du projet a pris fin en décembre 2017, indique Sabine Pagès. Il n’était pas prévu qu’il dure plus longtemps. En revanche, l’ARS prévoit éventuellement un projet plus global pour les enfants de 0 à 6 ans qui ne serait plus uniquement centré sur l’obésité." Néanmoins, les professionnels de santé essaient d’envisager une suite avec d’autres partenaires, notamment la communauté d’agglomération et d’autres associations.

* Cette initiative fera l’objet d’un poster aux prochaines Journées de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) les 29 et 30 mars à Dijon.

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