"Trois années pour tout changer !" C'est l'ambition affichée par le cercle de réflexion Coopération santé, lors de ses premiers États généraux organisés le 25 juin dernier. Car "les trois prochaines années seront fondamentales et la santé sera un enjeu essentiel de la prochaine présidentielle", assure Vincent Olivier, président de cette association créée en 2008. Mais au vu du déficit des dépenses publiques (plus de 15 milliards d'euros en 2024 pour la Sécurité sociale), comment parvenir à "soigner mieux, à moindre coût et de façon pérenne", lance Basile Gorin, secrétaire général adjoint de Coopération santé. 

"Il y a urgence à tout changer", assure Agnès Firmin le Bodo, invitée à un face-à-face avec le sénateur Bernard Jomier : "Notre système de santé, tel qu'il est organisé, ne peut plus fonctionner ainsi. Ce n'est pas possible. Il va falloir une révolution copernicienne… mais sans proposer de nouveaux dispositifs. Les briques ont été posées mais sans forcément être articulées", prévient l'ancienne ministre de la Santé.  

Première brique : "changer les formations initiales" car "si on ne les remet pas au niveau de ce qu'on est en train de construire, ça ne marchera pas… Comment voulez-vous que les professionnels de santé qui ne sont pas formés à l'interpro puissent travailler après en interpro ?" Les médecins étant "encore trop formés au tout-curatif", ce "choc de formation" est une vraie nécessité, assure celle qui était ministre en charge de l'Organisation territoriale et des Professions de santé. 
 

 
crédit : Coopération santé 

 
Autre "urgence absolue", poursuit Agnès Firmin le Bodo : sortir la prévention du ministère de la Santé. "La prévention, c'est de la santé mais ce n'est surtout pas que de la santé. Il faut en faire une politique publique (…) Parce que la prévention, c'est aussi de l'aménagement du territoire. Comment on aménage nos villes pour permettre à une personne âgée de sortir et de pouvoir se reposer tous les 500 mètres. C'est permettre aux enfants à l'école de faire de l'activité physique et les aider à prendre conscience que celle-ci est nécessaire pour la suite. C'est apprendre aux tout-petits en maternelle à se laver les mains pour que cela devienne un geste du quotidien… La prévention, c'est du temps long – et c'est vrai que ce n'est pas le temps du politique – mais aujourd'hui, on n'a plus le choix. Il faut mettre cette politique de prévention (primaire, secondaire et tertiaire) à tous les étages, mais aussi dans la formation." Une politique qui pourrait également se faire porter par une "délégation interministérielle auprès du Premier ministre", insiste Agnès Firmin le Bodo. 

Un "choc de gouvernance" est également nécessaire pour "repenser nos organisations", ajoute la députée Horizons. "On entend souvent que les professionnels ne connaissent pas tous les dispositifs, c'est normal parce qu'on empile tout et on oublie de supprimer, et finalement, on ne simplifie rien et tout devient illisible ! Mais pour simplifier, on a besoin de travailler avec les professionnels de santé et les acteurs du territoire. Donc l'enjeu de la territorialisation est majeur." Pour la pharmacienne de formation, il faut aussi donner "plus de poids politique au ministre et un peu moins à l'administration"

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