Trois semaines. C’est le délai moyen pour obtenir un rendez-vous chez le kiné sur le territoire de la CPTS Pays de Retz, opérationnelle depuis 2020. Mais cela peut évidemment être plus long, fait comprendre Aurélie Galon, co-présidente de la structure, elle-même masseur-kinésithérapeute. En cause : on compte 99 kinés pour 98 000 habitants. Une densité inférieure à la moyenne nationale qui est de 144 kinés pour 100 000 habitants.

C’est en septembre 2022, à l’occasion d’une réunion rassemblant une trentaine de kinés de la CPTS, qu’a été soulevé le désemparement de ces professionnels de ne pouvoir répondre aux demandes de prise en charge, faute de place dans leurs plannings, raconte Jésabelle Moriceau, coordinatrice et chargée de mission Accès aux soins. Pour y remédier, “nous nous sommes dit : ‘Les soins non programmés médecin marchent plutôt bien. Pourquoi ne pas réfléchir à des soins non programmés kiné ?”, retrace-t-elle. Leurs contours ayant été dessinés en groupes de travail, ceux-ci ont vu le jour en avril 2023.
 

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La coordinatrice en détaille le fonctionnement, qui repose sur une plateforme digitale. À ce jour, 11 kinés effecteurs, appartenant à la CPTS, mettent chacun à disposition deux créneaux de SNP par semaine, ce qui fait 22 possibilités hebdomadaires. Les rendez-vous peuvent être pris par le médecin du patient, son kiné, via le télésecrétariat ou l’agenda partagé. Et une fois que le kiné habituel est disponible, il reprend la prise en charge classique. Grâce à une fiche synthèse, ce dernier sait ce qui a été proposé lors du créneau soins non programmés.

Le dispositif permet une prise en charge dans les 72h par un effecteur, dans certaines indications – d’abord très restrictives par peur de se retrouver débordés, puis élargies : “Tout ce qui est traumatologie récente, troubles musculo-squelettiques en phase aiguë, subaiguë”, explique Aurélie Galon. L’innovation permet aussi la prise en charge d’une personne qui s’est vue prescrire de la kinésithérapie une fois par semaine, le temps que son praticien soit disponible. Elle a ainsi la “possibilité d’avoir trois rendez-vous [maximum] chez des kinés effecteurs”, fait valoir Jésabelle Moriceau.

Ces soins non programmés kiné ont été pensés non seulement pour amorcer rapidement les prises en charge mais aussi, éviter une perte de chance de récupération, un allongement des temps d’amélioration ou de guérison, prévenir une chronicisation. Ou encore, pour permettre aux consoeurs et confrères ayant des difficultés pour se faire remplacer durant leurs congés d’assurer la continuité des soins indispensables pour certains de leurs patients.

252 créneaux pris

Entre avril et décembre 2023, “252 rendez-vous ont été pris” sur ces créneaux SNP, observe Jésabelle Moriceau. Majoritairement par des kinés, mais aussi des médecins. Le taux de remplissage ? “50%”, note-t-elle, se réjouissant d’une montée en puissance. Si Aurélie Galon juge, pour l’instant, le nombre d’effecteurs suffisant, elle aimerait monter à “une quinzaine dans les mois, années à venir. Ce n’est pas urgent”. Ce qu’elle souhaite surtout, c’est plus d’homogénéité sur le territoire de cette CPTS de taille 3, qui couvre deux communautés de communes.

La co-présidente martèle que cette démarche est “vraiment un plus”. Pour les patients, déjà, qui en sont très contents, rapporte Jésabelle Moriceau : “Ça les soulage”. Peu importe que ce ne soit pas leur praticien habituel, tant que celui-ci reprend la main une fois disponible. Pour les kinés du territoire, aussi, qu’ils soient effecteurs ou non, insiste Aurélie Galon, qui estime que cette “solution”, ce “joker”, donne “une respiration, un petit souffle à nos prises en charge”. Pour elle, ce projet innovant atteste de la place et de la légitimité de kinés en santé publique. Il montre, également, témoigne-t-elle, les atouts d’exercer de manière coordonnée : “Les retours que j’ai de mes collègues effecteurs de soins non programmés; c’est qu’il est hyper agréable de sentir une équipe autour de soi.”

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