Le 23 juin dernier, réunis en atelier en début d'après-midi, quelques professionnels de santé, autour de la table, avaient déjà mis en place l’accès direct, depuis plus ou moins longtemps. Pendant une heure et quart, les intervenants ont évoqué les grands enjeux de l’accès direct, de la primo-prescription et du transfert d’actes. Avec notamment un fil rouge évoqué à de multiples reprises : la connaissance des contours de métiers, et par extension la confiance que les soignants s’accordent entre eux. C'était d'ailleurs la réponse de Mélanie Ordines, présidente du Syndicat national autonome des orthoptistes (Snao) à la question de Marika Denil, infirmière de parcours et membre du comité d'organisation de cette journée : "Quelle est votre recette, votre potion magique pour parler accès direct sans faire exploser la CPTS?"

"On regrette que l’accès direct soit si limité, et compliqué à mettre en œuvre" expliquait quelques minutes plus tôt Sarah Degiovani, présidente de la Fédération nationale des orthoptistes (FNO). Car pour que l’accès direct soit effectif, il faut qu’il inscrive dans le projet de santé de la CPTS. "Si l’orthophoniste souhaite [l']intégrer, poursuit-elle, il faut faire de nouvelles négociations avec tous les professionnels […] et ça créé des conflits à l’échelle locale. On ne va pas se battre en interpro pour l’accès direct".

Pour éviter ces conflits, la "recette" ou la "potion magique", pour citer l’animatrice de cet atelier, c’est la confiance et la connaissance des contours de métiers, estime Mélanie Ordines. Jean-François Moreul, médecin généraliste et vice-président de la FCPTS, approuve : "Encore récemment, avec les nouveaux installés dans la maison de santé, je les entends dire : "Je ne savais pas ce que faisait un orthophoniste" … Et on vous prescrit… " Pour Sarah Degiovani, un des leviers pour améliorer cette interconnaissance des métiers de chacun est la formation et le fait de "faire se rencontrer les gens, réellement, pour mieux se connaître". Et pour Jean-François Moreul, même si, "dès qu’on met en place une action dans une CPTS, elle est forcément pluriprofessionnelle", il faut aller plus loin : "Ca fait déjà une dizaine d’années qu’on pense qu’il faut envahir les instituts de formation, quels qu’ils soient, et mettre en lien les étudiants dès la formation initiale. Beaucoup ne savent pas ce qu’est le travail pluripro." Pour cela, il reste du chemin : "Les universités sont quand même assez autonomes et ça peut être difficile de faire passer le message" a rappelé, pour sa part, le président de l’Unipa, Emmanuel Hardy.
 

De gauche à droite : Jean-François Moreul, Sarah Degiovani, Melanie Ordines, Emmanuel Hardy et Marika Denil.
 
RETOUR HAUT DE PAGE