Il tient à exprimer son "incompréhension" devant l’issue de la commission mixte paritaire qui a examiné hier, 6 avril, la proposition de loi sur l'amélioration de l'accès aux soins portée par la députée Stéphanie Rist, et qui vise à instaurer un accès direct aux infirmières en pratique avancée (IPA), masseurs-kinésithérapeutes et orthophonistes. Certes, "la Commission a retenu des dispositions qui constituent de réelles avancées : l’évolution des compétences de l’ensemble des infirmières et infirmiers de France dans le domaine des plaies et cicatrisations ; leur intégration à la permanence des soins ; l’ouverture de l’accès direct et de la primo-prescription aux IPA dans le cadre d’un exercice coordonné", relate le communiqué de l'Ordre national des infirmiers publié hier. Mais le fait qui a été fait de ne pas réintégrer les CPTS, "qui sont précisément les structures qui permettraient de faire vivre l’exercice coordonné des professionnels au service des patients", est "à la fois incohérent et incompréhensible, puisque cette disposition avait été votée à l’unanimité par l’Assemblée avant d’être repoussée par le Sénat". D'autant, poursuit l'Ordre que cette position était également soutenue par les associations de patients et l’ensemble des travaux scientifiques sur les CPTS en montrait les bénéfices. "Corporatisme, insultes, menaces et désinformations auront eu raison de l’intérêt du patient", regrette-t-il.
 

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De plus, "l’expérimentation extrêmement limitée" que propose la loi témoigne d’un "manque de considération envers les expériences menées par les professionnels de terrain qui, au quotidien, collaborent avec efficacité dans les CPTS au service des patients, et qui espéraient pouvoir franchir un nouveau cap avec cette loi", précise l'ONI, ajoutant que cela créé "de facto une France à 2 vitesses pour l’accès aux soins entre les zones où les expérimentations se déroulent et celles qui sont maintenues dans le statu quo.".

Pour l'Ordre, ce choix de non-réintégration des CPTS témoigne aussi " d’un manque de reconnaissance des compétences et de l’engagement des [infirmières] à qui on demande toujours plus – en termes d’horaires, d’implication personnelle, d’acceptation de la pénibilité de leur métier – sans leur donner les éléments de considération auxquels [elles] ont droit."
 

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Pour Patrick Chamboredon, président de l’Ordre, "nous n’avons plus le temps d’attendre et de prendre des demi-mesures. Car les non-choix d’aujourd’hui amènent le système de santé de notre pays dans le mur." L'ONI appelle donc à "un sursaut des pouvoirs publics" pour prendre les décisions nécessaires afin de permettre la montée en compétence des infirmières au service des patients, "notamment par la réforme urgente du décret de compétences infirmières, mais aussi par la fin du protocole liant IPA et médecins, protocole qui n'a aucune base légale et qui porte atteinte au libre choix des patients" : "Ni les professionnels, ni les patients ne peuvent attendre plus longtemps. A trop vouloir protéger les intérêts corporatistes d'un autre temps, on instaure de facto une prise en charge à deux vitesses et on crée des territoires oubliés de la République en matière d’accès aux soins".
 

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