Accès direct aux orthophonistes : pourquoi ne faut-il pas en avoir peur ?

Sarah Degiovani-Pasquier est présidente de la fédération nationale des orthophonistes (FNO).

Article publié dans Concours pluripro, février 2023

La proposition de loi permettant d’ouvrir l’accès direct à certaines professions paramédicales arrive en séance publique au Sénat le 14 février. Les médecins, vent debout face à cette mesure, expriment leurs craintes d’un risque d’une médecine à plusieurs vitesses ne garantissant pas, selon eux, la qualité et la sécurité de la prise en charge globale du patient. Pour autant, la raréfaction de l’offre de soins et la croissance des inégalités d’accès nous imposent de trouver collectivement des solutions à court terme. L’ouverture de l’accès direct à certains paramédicaux, dont les orthophonistes font partie, offre une réponse adéquate face à la pénurie de médecins.

À l’heure actuelle et pour les années à venir, les médecins généralistes sont bien trop peu nombreux pour répondre à la demande de soins. La situation n’est plus supportable pour les patients, qui peuvent voir leur trouble s’aggraver mais aussi leurs chances de récupération s’amoindrir. En un mot, il y a urgence à agir.

Dès lors, l’impératif de solutions à très court terme apparaît de plus en plus pressant, du fait de la pénurie démographique généralisée des professionnels de santé. L’accès direct aux soins orthophoniques apporte une réponse concrète aux patients vivant dans des territoires où il est difficile d’avoir accès à un médecin généraliste, prescripteur de près de 80 % des soins orthophoniques. Pour rappel, la formation initiale en orthophonie constitue un parcours spécialisé et reconnu par l’ensemble des professionnels de la chaîne de soins. Depuis toujours universitaire, la formation, en partie dispensée par des médecins eux-mêmes, permet aux orthophonistes d’être des éléments moteurs de la coordination des soins et de savoir parfaitement identifier les signes d’alerte qui nécessitent le recours à un médecin spécialiste.