Cette rencontre, les orthophonistes l’attendaient de longue date, "car nous n’avions encore jamais rencontré Olivier Véran", admet Anne Dehêtre, précisant qu’en période de crise sanitaire, le syndicat ne s’était pas fait trop insistant. Mais le dépôt d’un amendement gouvernemental dans le cadre de l’examen de la proposition de loi Rist visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification, a changé la donne. "Lors de l’examen de ce texte, les sénateurs et les députés ont acté l’accès direct des orthophonistes, ce que nous revendiquons depuis longtemps, ajoute la présidente de la Fédération nationale des orthophonistes (FNO). Mais le matin même du vote, un amendement gouvernemental a été déposé pour le supprimer…"

Pour les orthophonistes, l’accès direct est fondamental pour filtrer davantage les patients qui les sollicitent alors qu’ils ne sont pas assez nombreux pour répondre à la demande de soins. partir du moment où un patient dispose d’une prescription médicale pour un bilan, nous sommes dans l’obligation de le recevoir et de définir, si nécessaire, un nombre de séances pour sa prise en charge", explique la professionnelle de santé. Mais parfois, les patients sont mal orientés… C’est en cela que l’accès direct représente un avantage car il permettrait aux orthophonistes d’effectuer, en amont, un point téléphonique afin de déterminer si une consultation est vraiment nécessaire. Et lors du rendez-vous du 15 avril, Olivier Véran aurait reconnu le problème et certifié le lancement dans un futur très proche d’une mission afin de disposer d’éléments objectifs sur cette demande, avant l’examen du Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2022, précisent Anne Dehêtre et Christophe Rives, son vice-président.

 

Hausse des quotas et revalorisations salariales

Lors de cet échange, les représentants syndicaux ont également mis en avant d’autres éléments de réponse à la problématique de l’accès aux soins, à commencer par la nécessaire augmentation des quotas de formation, qui relève du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. "La discussion doit se tenir à l’échelon interministériel mais encore faut-il qu’il y ait des budgets", a fait savoir Anne Dehêtre.  

Autre demande pour rendre le métier attractif : la revalorisation des salaires, qui a débuté avec les annonces ministérielles du 12 avril pour la Fonction publique hospitalière (FPH). "Mais ces annonces ne concernent que les nouveaux titulaires à compter du 1er octobre", rappelle-t-elle. De plus, les orthophonistes sont majoritairement contractuels et pour le moment, "notre niveau d’étude à Bac+5 n’est pas reconnu par rapport aux grilles salariales auxquelles nous sommes rattachés. Nous allons vraiment prêter attention aux conditions de reclassement".

Côté libéral, les orthophonistes ont obtenu, et ce avant leur rencontre avec Olivier Véran, l’ouverture anticipée de négociations conventionnelles qui débutent ce 20 avril, afin de revaloriser les actes pour la prise en charge des troubles du neurodéveloppement. Au second semestre, ils s’attaqueront au reste de la nomenclature. "Nous sommes plutôt satisfaits de notre rencontre avec le ministre, d’autant que depuis, un certain nombre de dossiers commencent à se débloquer, reconnaît Anne Dehêtre. Mais nous attendons de voir la suite."

 

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