Article publié dans Concours pluripro, décembre 2022

Le décret permettant l’expérimentation de l’accès direct au kiné se fait attendre. Mais ceux qui exercent en structures pluriprofessionnelles peuvent déjà se saisir des protocoles de coopération nationaux pour prendre en charge directement les lombalgies aiguës et les traumatismes de la cheville. Or, seules une vingtaine de MSP les ont expérimentés. Comment l’expliquer ?

Depuis septembre, le nombre de structures expérimentatrices a légèrement augmenté, notamment parce que les CPTS peuvent désormais s’en saisir. Mais cela reste faible… Avec l’Inserm, nous avons réalisé une enquête nationale sur les barrières et les facilitateurs identifiés par les kinés et les généralistes pour adhérer à ces protocoles. La première barrière, c’est le manque d’information sur l’existence et la procédure à suivre pour mettre en pratique ces protocoles. Si les organisations professionnelles kiné ont tenté de communiquer, l’Assurance maladie ou le gouvernement ne l’ont pas vraiment fait. Et comme plusieurs organisations médicales sont plutôt contre, ils n’ont pas été valorisés sur le terrain.

Il y a également l’inopérabilité des protocoles pour véritablement répondre à la demande de soins en raison du grand nombre de critères d’inclusion et d’exclusion. Par exemple, si vous venez pour des douleurs à la cheville à la suite d’un traumatisme, et qu’en plus vous avez une douleur au genou – ce qui arrive fréquemment –, cela vous exclut du protocole. Et le troisième frein, c’est le retard de paiement, soit entre trois et six mois pour le kiné… Ce qui n’est pas très attractif pour se lancer.

En revanche, parmi les éléments facilitateurs figure l’exercice coordonné : comme kinés et médecins sont habitués à travailler ensemble, ces derniers sont plus favorables à la mise en place de ces protocoles, et leur discours semble différent de celui des syndicats médicaux.

Trois modèles d’accès direct [aux kinés] en fonction des pays
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