"Le pharmacien joue un rôle surtout dans la prévention, surtout l’accompagnement et aussi dans la coordination des soins. C’est par exemple le cas avec la dispensation protocolisée." Eric Myon, pharmacien et président de la CPTS Paris 8, a détaillé au dernier café nile, le 31 mai dernier, sa vision du rôle du pharmacien dans la coordination des soins, et notamment au sein de la CPTS. La dispensation protocolisée, rendue possible de façon temporaire depuis l’été dernier, permet aux pharmaciens et aux infirmières exerçant au sein des maisons et centres de santé et des CPTS, de mettre en œuvre les protocoles de coopération de prise en charge de l’angine et de la cystite. Deux protocoles étendus définitivement aux CPTS depuis mars 2023.

"En cas de positivité du test bactérien, le pharmacien sera en mesure de remettre un antibiotique", précise le président de la CPTS Paris 8, qui a mis en place ces protocoles dès le 24 juillet, quelques jours seulement après leur publication au Journal Officiel. "Ça s’est très bien passé parce que chaque médecin a formé le ou les pharmaciens avec lesquels il allait travailler. Donc, à chaque fois, on savait que cette délégation allait se passer de façon sécurisée, puisque le médecin estimait que la pratique allait correspondre à ce sur quoi lui-même aurait insisté. Ça permet aussi au pharmacien d’être sûr de pouvoir joindre le médecin s’il y avait un cas compliqué, et d’avoir une réponse adaptée." Eric Myon se souvient de cette maman, venue avec deux enfants "assez malades" : "Je fais le test sur le grand qui a 7 ans ; et définitivement, le test est positif, donc on peut lui donner un antibiotique. Mais le petit, lui, a 4 ans".  Or, ce protocole de coopération concerne uniquement les patients âgés de 6 à 45 ans. "J’appelle le médecin, poursuit-il. Mais c’est samedi, il me dit : 'Je ne suis pas là. Tu le fais et on s’organise.' Ça a permis une prise en charge immédiate." 

Pour la CPTS parisienne, ce protocole est une réussite. "En neuf mois, on a plus de 500 consultations qui ont été évitées par la prise en charge directe des pharmaciens sur l’angine et la cystite."

Prévention : une formation interpro

Sur les parcours de prévention, le pharmacien joue aussi un rôle important. "Dans notre arrondissement, on a toujours été porteur de la prévention primaire, notamment autour du diabète. Faire une semaine de prévention primaire par an, c’est super ! Mais comment faire face à un patient qui a trois grammes." Inciter le patient à se rendre chez son médecin pour être pris en charge, c’est "bien" estime Eric Myon, mais c’est aussi "insuffisant". Leur solution : une formation interprofessionnelle, quinze jours avant chaque programme de prévention primaire. "Il y a un spécialiste et un généraliste qui viennent nous expliquer où on en est sur la pathologie. Ça permet aussi, en temps venu, de savoir qu’un ou deux spécialistes et trois ou quatre généralistes ont gardé des créneaux ouverts pour avoir une réponse immédiate à apporter aux patients ayant atteint la valeur d’alerte. On est plus tranquille, conclut-il, car, quoi qu’il arrive, le patient va réintégrer un parcours de soins."

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