D’abord le constat : le Nord de la Loire-Atlantique ne compte plus de dermatologues. Avant la solution : la CPTS Atlantique Nord Loire a décidé de former ses médecins généralistes à la dermatologie. "Nous avions deux dermatologues à Châteaubriant, mais ils sont partis. Désormais, nos patients doivent se rendre à Nantes ou à Rennes pour consulter un spécialiste, raconte Elias Amiouni, médecin généraliste à Saint-Vincent-des-Landes et président de la CPTS, située entre la Bretagne et les Pays de la Loire, et qui rassemble 330 professionnels de santé et couvre 46 communes. Nous avons décidé de conclure un accord tripartite avec le conservatoire national des arts et métiers (Cnam), la CPTS et la communauté de communes Châteaubriant-Derval. Et nous avons ainsi pu créer de toutes pièces une formation de dermatologie qui s’adresse aux médecins généralistes." Étant également vice-président de la communauté de communes, le médecin n’a pas eu grand mal à convaincre les élus de soutenir le projet. "C’est un partenariat intéressant, car c’est un service public apporté à la population", juge-t-il.

Un cabinet isolé = 1 dermatoscope offert

La formation a débuté en octobre 2022, avec une session sur la prévention et le diagnostic des cancers cutanés. "Quatre professeurs du CHU de Nantes se sont déplacés à Châteaubriant. Nous étions 26 médecins généralistes participants, dont 90 % de libéraux et 10 % de salariés du centre hospitalier de Châteaubriant et de centres de santé", détaille-t-il. La communauté de communes a, elle, mis à disposition les salles et les repas et s’est occupée de la logistique.

"Nous avons offert un dermatoscope connecté à chaque cabinet de médecin généraliste en exercice isolé, soit 12 en tout, financés sur les deniers de la CPTS, poursuit Elias Amiouni. Ce sont des appareils haut de gamme [1.600 euros pièce, NDLR], qui permettent d’agrandir dix fois la lésion cutanée. Ils peuvent aussi être reliés à un téléphone portable afin de prendre une photo et de l’envoyer à un dermatologue du CHU de Nantes en cas de doute. Cela nous permet d’obtenir un diagnostic de spécialiste dans les 48 heures." Les médecins formés utilisent l’appareil à la demande des patients, mais ne font pas forcément de consultation dédiée de dermatologie.
 

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Elias Amiouni a également pu proposer ces consultations, mais cette fois, dans un camion itinérant de l’association nantaises "Les MarSOINS". "Nous proposons une consultation de dermatologie tous les deux mois dans une commune différente. J’ai déjà assuré six demi-journées depuis janvier dernier à Châteaubriant, Derval, etc. Je vois une quarantaine de patients en trois heures, sans rendez-vous, qui me montrent un grain de beauté, une verrue, ou autre problème de peau. J’ai ainsi pu détecter deux cancers cutanés, débutants à chaque fois, et les orienter vers un spécialiste. Cela nous permet de faire de la prévention, mais aussi d’alerter les patients quand il faut se faire opérer", apprécie-t-il.

Les patients prennent ainsi l’habitude de consulter leur généraliste pour leurs problèmes de peau. "J’ai déjà revu des patients que j’avais reçus l’année dernière et qui reviennent se faire contrôler dans mon cabinet, souligne le médecin. La dermatologie est une profession sinistrée et cela nous permet de pallier le manque de professionnels. En outre, les dermatologues hospitaliers et libéraux ont ainsi moins de sollicitations et sont consultés à bon escient."

Pour lui, cela a aussi permis d’enrichir sa pratique. "Jusque-là quand je regardais une lésion cutanée, je ne savais pas l’interpréter. Désormais je me dis que si j’avais été plus jeune, j’aurais aimé me spécialiser davantage en dermatologie", sourit-il.

Fin novembre prochain, une autre formation sera organisée sur le thème des maladies inflammatoires :  eczéma, psoriasis, acné, maladie de Verneuil. "Cela a attiré le regard de plusieurs CPTS des alentours, qui sont également intéressées pour former leurs médecins. Pour les patients, c’est un gain énorme", assure le médecin. L’initiative pourrait ainsi faire des émules, dans la région et au-delà.

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