"Il nous paraît urgent que les instances décisionnaires se saisissent des problématiques des IPA, afin d’y apporter des réponses immédiates, sous peine de voir sombrer au fur et à mesure une profession créée pour améliorer l’accès aux soins de la population", écrit l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa), dans son enquête "État des lieux des IPA salariés", qui a interrogé, du 3 au 15 avril dernier, 331 IPA diplômées salariées* afin de dresser un premier état des lieux de leurs conditions de travail et d’implantation. Pour Emmanuel Hardy, président de l’organisation, "les conclusions sont sans appel et des actions doivent rapidement être entreprises afin d’endiguer les conséquences des difficultés présentées".

Dans le secteur public, 24,2 % des IPA sondées disent ne pas avoir exercé directement leurs nouvelles compétences après leur diplomation, et ce alors qu’elles ont eu un financement institutionnel. En moyenne, elles attendent 7,98 mois, ce qui "démontre des difficultés importantes dans les proses de poste", note Jordan Jolys, vice-président de l’Unipa, en charge des réseaux territoriaux, auteur principal de cette enquête. En cause : une absence de budget pour une création de poste, des difficultés organisationnelles (par exemple, des IPA placées à des postes d’infirmière pour pallier la pénurie). Ou encore la mise en place des concours sur titre : près de la moitié en aurait passé un alors que l’article 14 du décret n°2020-244 permet aux établissements de procéder à une intégration directe des agents qui étaient en catégorie A. Pour y remédier, le syndicat appelle notamment à un financement pérenne des postes d’IPA et à une application uniforme de l’article 14 sur le territoire.

Dans le privé, même constat pour 26% des IPA sondées qui n’ont pas occupé ce poste directement après l’obtention de leur diplôme : elles attendent en moyenne 9,90 mois avant la prise de poste IPA. Pour l’Unipa, cela s’expliquerait par des refus de directions de créer des postes, des problématiques de budget et de pénurie soignante, de refus de collaboration de médecins, ou encore un manque d’anticipation...

Côté secteur public, le développement des missions des IPA semble fluctuer selon la liaison hiérarchique : "plus le supérieur hiérarchique se trouve à un échelon limité, plus les missions sont restreintes". Partant de ce constat, le syndicat considère qu’un encadrement par la direction des soins est "le modèle qui permet aux IPA d’investir des missions larges sur toute une institution". Côté privé, l’offre hiérarchique, qui "paraît plus large", "laisse transparaître une liberté d’action plus importante dans les établissements", fait valoir l’étude.

Dans le public comme dans le privé, les répondants soulèvent des freins communs au développement de leurs compétences : l’inertie des institutions, la méconnaissance du métier, le cadre réglementaire contraignant avec la présence du protocole d’organisation. Le syndicat appelle notamment à abroger ce dernier au travers de la proposition de loi Rist qui prévoit un accès direct dans le cadre d’un exercice coordonné, et à communiquer largement sur la profession. 

+4,1% en France et +40% dans l’OCDE

Dans le public, 28% des sondés disent connaître une baisse ou une absence d’augmentation de leur salaire net par rapport à celui d’infirmière. Pour les autres, l’augmentation est minime : en moyenne 97 euros. Soit +4,1%... contre +40% en moyenne entre le métier socle et l’IPA dans les autres pays de l’OCDE.


source : Unipa, avril 2023

"Le faible gain de salaire peut s’expliquer par la faiblesse des grilles indiciaires dans un premier temps mais aussi par le changement d’organisation de travail", explique l’enquête. Car les IPA travaillent "majoritairement" sur des horaires "classiques" et ne font donc plus d'horaires de nuit ou de week-end. "Les augmentations salariales viennent donc à peine compenser ces pertes de revenus". De plus, certains professionnels bénéficiaient de primes (dans le cas notamment de protocole de coopération ou de prime d’exercice en soin critique) qu’ils ne touchent plus en tant qu’IPA…
 

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Des IPA, issues de la Fonction publique territoriale, rappellent aussi qu’il n’y a toujours pas de grille salariale pour les IPA. "Il est aisé de comprendre que ces chiffres mettent grandement en danger l’attractivité pour les IPA dans le secteur public ainsi que leur pérennité." L’Unipa appelle donc à augmenter fortement les grilles indiciaires IPA de la fonction publique, mais aussi à créer les grilles salariales dans la fonction publique territoriale, la Fonction publique d’État et dans le corps des armées.


source : Unipa, avril 2023
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