C’est sa troisième étude sur la fracture sanitaire – après celles de 2012 et 201 – et dans sa première édition, l’UFC-Que Choisir tirait déjà la sonnette d’alarme sur les déserts médicaux, constatant "la présence d’une alarmante fracture sanitaire territoriale (manque de médecins) et financière (manque d’accès aux praticiens respectant le tarif conventionné de la Sécurité sociale) par rapport à la demande potentielle de consultations liée à la démographie des patients". Une fracture sanitaire qui est "plus que jamais une préoccupation" car "un quart des femmes et un quart des enfants vivent respectivement dans un désert médical gynécologique et un désert médical pédiatrique" et que l’accès à un médecin généraliste est "particulièrement difficile pour pas moins de 15,3 millions d’habitants de notre pays". Pire, estime l’association, "dès lors qu’on intègre le critère financier à la fracture sanitaire (à savoir pouvoir accéder à un médecin ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires), quasiment toute la France devient un désert médical pour l’accès à un spécialiste". Une situation qui va "inexorablement s’aggraver si les pouvoirs publics persistent à ne pas mettre en place de véritables réformes, et notamment un strict encadrement des tarifs, indispensable pour limiter le renoncement aux soins".
Estimant que la désertification "vient empêcher l’application d’un principe fondamental de la médecine libérale" qui est "la liberté du choix du praticien par son patient", l’UFC-Que Choisir estime qu’une régulation de l’installation des médecins "irait dans le sens d’une normalisation de la profession, sur le modèle du système régissant l’installation des pharmaciens, des infirmières et des kinésithérapeutes libéraux". Et insiste : "Mettre fin au dogme de la libre installation des médecins libéraux n'est plus aujourd’hui une possibilité. C’est un impératif."
Dans son étude, l’UFC-Que Choisir a calculé trois indicateurs d’accessibilité pour mesurer la fracture sanitaire : mesure de l’accès géographique (cet indicateur inclut tous les praticiens de chaque profession, ne tenant donc pas compte des prix qu’ils pratiquent), identification de l’accès géographique et financier avec des dépassements d’honoraires "modérés" (cet indicateur se limite aux praticiens fixant en moyenne un prix ne dépassant pas de plus de 50 % le tarif de la Sécurité sociale, soit le taux moyen de prise en charge par les complémentaires santé), et mesure de l’accès géographique et financier sans dépassements d’honoraires (cet indicateur ne tient compte que de l’offre des praticiens dont les consultations respectent le tarif de la Sécurité sociale, donc le secteur 1). Les communes ont ensuite été classées "selon leur situation en comparaison avec la moyenne nationale", et selon la classification sur l’accès aux médecins :

Source : UFC-Que Choisir
Premier constant : 2.6% des patients dont les généralistes exercent à moins de 30 minutes en voiture de leur résidence, soit 1,7 million de personnes, vivent dans un désert médical, définir par l’UFR-Que-Choisir comme "une zone où l’accessibilité géographique est au moins 60 % inférieure à la moyenne nationale". La proportion est encore plus forte (23,5 %, soit 15,3 millions de personnes en France métropolitaine) si l’on prend en compte les zones à accès difficile (accessibilité entre 30 % et 60 % inférieure à la moyenne nationale), explique l’association.

Source : UFC-Que Choisir