90 % des Français sont "favorables" à ce qu’ils puissent, dans un désert médical - et quand ils ne peuvent pas accéder à un médecin traitant -, être pris en charge par d’autres professionnels de santé. C’est l’Ordre national des infirmiers, qui a commandé cette enquête à l’institut OpinionWay*. L’objectif était de mieux connaître l’opinion des Français sur la question de l’accès aux soins.

Le sondage fait apparaître une vraie inquiétude au sein de la population : 87% des Français pensent ainsi que les difficultés d’accès aux professionnels de santé peuvent mettre en danger leur santé ou celle de leurs proches et 89% sont inquiets pour eux et pour leurs proches à l’idée que l’offre de soins se dégrade à l’avenir. Ils sont 80 % à avoir déjà rencontré des difficultés pour obtenir un rendez-vous avec un professionnel de santé en cabinet ou pour des examens.

C’est cette situation qui les mène à se déclarer favorables aux principes du transfert de compétence et de la possibilité d’accès direct aux professions paramédicales en l’absence de médecins traitants. Ainsi, 82% sont prêts à être eux-mêmes ou leurs proches, pris en charge par d’autres professionnels de santé (infirmières, pharmaciens, kinés…) et 89% sont pour "développer le partage de soins entre les médecins traitants et les autres professionnels de santé dans l’intérêt des patients".
Pour 95 % d’entre eux, les infirmières seraient le plus compétentes pour assurer ces nouvelles missions – dès lors que le médecin reste dans la boucle. Ils se voient sans problème se faire prescrire des antidouleurs (pour 84% des Français), renouveler une ordonnance pour des affections de longue durée (81%) ou établir un certificat d’aptitude à la pratique sportive (78%) ou un certificat d’arrêt de travail (53%) par ces professionnelles. Parmi les autres prérogatives auxquels ils seraient favorables : des actes d’éducation thérapeutique comme des consultations d’aide à l’arrêt du tabac, à la lutte contre l’alcoolisme ou l’obésité. Et pourquoi pas des bilans sanguins ou des échographies pour les femmes enceintes (85 % d’avis favorables).

 

 

Pour les Français interrogés, il est du rôle des élus locaux de trouver des solutions pour l’accès aux soins dans les territoires. 88% estiment que leur rôle doit être renforcé pour l'organisation du système de santé dans chaque territoire en collaboration avec les professionnels de santé et 95% souhaitent que soient prises des mesures pour faciliter l'installation des professionnels de santé dans les régions où ils sont peu nombreux

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Les infirmières favorables à la réécriture du décret infirmier

L’institut OpinionWay a, en parallèle, consulté les infirmières inscrites à l’Ordre pour les interroger sur leur perception de la situation et les solutions à apporter**. Comme l’ensemble de la population, ces professionnelles se montrent favorables à 84 % aux principes de partage des compétences et d’accès direct, en l’absence de médecin traitant : à leurs yeux, cela passe par une réécriture en profondeur du décret-socle, qui encadre les actes à exercer.

En outre, 97% jugent qu’il est urgent que le gouvernement tienne son engagement d’actualiser le décret qui encadre les compétences infirmières (le chiffre était déjà de 94% en mai 2022, pointe l’Ordre national des infirmiers) et envisagent des évolutions telles que le développement des compétences infirmières en matière de lutte contre les addictions (94%), davantage de responsabilité en matière de prévention et d’éducation thérapeutique sans prescription médicale (94% contre 70% en 2022), l’accès direct des patients aux infirmières (92% contre 59%), le fait de conférer aux infirmières la mission de coordination du parcours patient (88%).

Patrick Chamborédon, président de l’Ordre National des Infirmiers, se dit "frappé par les points de convergence entre les deux populations interrogées : même constat sur le sentiment d’une situation très difficile en en dégradation sur l’accès aux soins, même ouverture aux principes du partage des compétences entre médecins et autres professions de santé, et plus spécifiquement, même sentiment que les infirmières jouent un rôle clé dans la santé de proximité, que leurs compétences sont insuffisamment reconnues et qu’ils doivent et peuvent se voir confier de nouvelles missions". Dans ces conditions, l’Ordre national des infirmiers appelle professionnels et élus à se saisir de l’urgence, par la modification de la loi et la réécriture du décret infirmier.

* Sondage réalisé du 16 au 17 novembre 2022 auprès d’un échantillon de 1 003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus
** Consultation réalisée du 18 au 22 novembre 2022 auprès de l’ensemble des professionnels inscrits à l’Ordre et à laquelle 49 434 infirmiers ont répondu.
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