Article initialement publié sur egora.fr
Bruno P. s'est toujours rêvé médecin. Mais plutôt que d'en suivre les études, il a falsifié le diplôme de son cousin et est même allé jusqu'à rédiger une fausse lettre de recommandation pour son "aptitude à exercer une fonction hospitalière", signée par une médecin généraliste en activité. Armé d'une blouse blanche et d'un stéthoscope, Bruno P. est ainsi allé démarcher une agence d'intérim médicale, peu regardante sur la vérification de ses diplômes, et a été embauché dans un centre de santé très fréquenté du centre de Marseille, plus précisément dans le quartier de Belsunce, "au chevet d'une population précaire et fragile", rapporte La Provence.
Le 15 juillet 2021, à sa prise de poste, Bruno P. a rencontré sa binôme infirmière, qui a très rapidement senti la méprise. "Chemise ouverte, il a commencé à me parler avec grandiloquence de ses expériences en Afrique, où moi-même j'ai exercé en tant que militaire. J'ai été étonnée de ce qu'il me racontait. Ça a fait tilt. J'ai décidé de le suivre", confie Adeline Naslot au journal local, quatre ans après "cette histoire de fous" qui a "marqué [sa] vie". Ses doutes se confirment : "J'ai été surprise par sa façon de tenir les instruments", se souvient-elle. Dès la première patiente, le faux médecin lui demande de se déshabiller et prescrit du Monuril pour un simple mal de ventre ; l'infirmière conseille discrètement à la patiente d'aller consulter ailleurs.
Adeline Naslot se rend alors dans le bureau de son responsable pour l'alerter sur Bruno P. "Je lui ait dit : 'Je ne sais pas qui est ce type, d'où il vient, mais je ne veux plus qu'il touche un autre patient !'". Le responsable découvre que le numéro de siret de Bruno P. appartient à un médecin décédé. Le centre de santé met alors fin à la vacation du faux médecin, invoquant des difficultés administratives avec l'Ordre.
Signalé devant l'instance ordinale, Bruno P. se rend au conseil de l'Ordre où il est accueilli par des policiers. Des perquisitions réalisées à son domicile révèlent des ordonnances falsifiées, un faux passeport, un faux extrait de naissance… Après une détention provisoire de quatre mois, l'homme réussit cette fois à se faire embaucher, à l'aide d'un faux CV, comme directeur d'une maison de retraite aixoise, encaissant jusqu'à 7.000 euros de chèques remis par des résidents.
En janvier 2025, Bruno P. a été convoqué – pour la quatrième fois – devant la justice pour répondre d'exercice illégal de la médecine. Les experts ont décrit le portrait d'un homme "manipulateur, mythomane, ambitieux" et rongé par la "frustration" de ne pas être médecin. Il a écopé de trois ans de prison, dont 20 mois avec sursis, à effectuer sous bracelet électronique.
[Avec laprovence.com]