Afin "de ne pas reproduire les erreurs du passé sur la démographie médicale", l’Ordre national des infirmiers (ONI) a établi plusieurs projections démographiques. "Il apparaît que, selon les scenarii, la population infirmière va croître entre 37,5 et 61,7 % d’ici à 2040, face à des besoins qui eux vont augmenter a minima de 54 %", indique l’Ordre dans son communiqué. Afin d’éviter la situation rencontrée par les médecins, l’ONI a ainsi formulé un certain nombre de propositions pour anticiper le choc démographique à venir et les besoins en santé.

Réalisées par Olivier Lacoste, géographe spécialiste des questions de santé, ces différentes perspectives se fondent toutes sur les 504 000 infirmières inscrites à l’ONI au mois de septembre 2023, ainsi que sur les 38 162 étudiants en soins infirmiers qui ont été admis en 2023-2024. Selon ces projections, le nombre d’infirmières devraient atteindre 693 000 ou 815 000 professionnels en 2040.

Pourquoi un tel écart entre ces deux totaux ? Les projections, l’une pessimiste et l’autre plus optimiste, s’appuient sur différentes données et études sur les taux d’obtention de diplôme en fin d’études :

- 60,8 % selon une étude du Cefiec de février 2023 (projection pessimiste : 693 000) ;

- 80,4 % selon une étude de la Drees de mai 2023 (projection optimiste : 815 000).

 

Une hausse de 54% des besoins infirmiers

En 2040, la proportion d’infirmières devrait donc atteindre 693 000 ou 815 000 personnes, des chiffres bien en deçà d’une projection non corrigée, qui en prévoit 988 000. Cependant, l’ONI précise que les besoins en soins infirmiers pourraient croître de 54 % d’ici les dix-sept prochaines années. "La population âgée de 65 ans et plus devrait croître de 31 %, conduisant à un ratio d’accompagnement infirmier passant de 3 pour 100 habitants de plus de 65 ans en 2023 à 3,7 en 2040 dans la version pessimiste et à 4,3 dans la version optimiste", précise le communiqué. Jusqu’ici, le scénario ne semble pas dramatique, mais, comme le stipule l’Ordre, "ce ratio ne prend pas en compte la hausse des besoins infirmiers qui pourraient augmenter de 54 % pour soigner cette population plus âgée et plus dépendante et les personnes atteintes de maladies chroniques plus répandues". Pour l’ONI, une hausse de cette ampleur ne permettra pas aux infirmières de soigner correctement l’ensemble de la population française.

 

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