Dans le champ de la formation :
> Les objectifs quantitatifs en matière de formation en pratique avancée ont une chance d’être atteints, puisque ce ne sont pas moins de 3 000 infirmières en pratique avancée qui auront été formées entre 2018 et 2022 ;
> Les universités se sont donc mobilisées sur cette formation et cette filière est aujourd’hui présente dans l’ensemble des universités à composante santé ;
> Si les délais ont souvent été contraints (la rentrée étant généralement peu éloignée de la publication des textes réglementaires), cette innovation s’est insérée à l’université de façon non conflictuelle et on a constaté une forte émulation ;
> L’afflux de candidats a été important à l’origine et pour les différents domaines ouverts mais ce mouvement est en train de se tarir : conséquence de l’épuisement du vivier qui avait alimenté les premières promotions ou des difficultés d’implantation sur le terrain qui finissent par retentir sur l’attractivité des filières ? ;
> Il y a eu aussi des compromis boiteux à l’origine : notamment le fait de pouvoir faire la formation d’IPA sans période d’exercice préalable (à la sortie de la formation initiale donc) tout en ne pouvant pratiquer en tant qu’IPA à l’issue de trois années d’exercice**
Pour ce qui est de l’implantation dans le système de santé :
> L’émergence de ces professionnels a été lente : la réflexion a mûri, on l’a dit, entre le début des années 2000 et la loi Touraine de 2016 (qui pose les bases législatives) ; il a encore fallu attendre deux ans et demi (et l’été 2018) pour voir sortir les textes d’application sur la définition des compétences et du cadre de formation : le moins que l’on puisse dire est donc que les acteurs avaient le temps de s’y préparer mais peut-être doutaient-ils que la réforme serait menée à bonne fin ;
> L’impréparation est donc collective : les problèmes d’articulation entre les compétences des soignants et entre les professions ont été longs à décanter et les crispations n’ont pas manqué chaque fois qu’on ouvrait un nouveau domaine mais ces difficultés et les délais afférents n’ont pas été mis à profit pour préparer l’implantation dans les organisations (à l’hôpital et, pire encore, en vile) : les IPA n’existent pas dans les recommandations de la HAS sur les parcours de santé ; la question de la rémunération est, depuis l’origine, une source de crispation logique ; le positionnement des IPA par rapport aux autres professionnels, notamment les infirmier(ères) spécialistes, les acteurs de l’exercice coordonné ou les cadres de santé est une source permanente de tensions et d’inefficacité ;
> L’impréparation était aussi individuelle : les projets ne sont pas forcément toujours très construits de la part des candidats à la formation comme des structures qui financent leur formation ;
> Faute de voir émerger le bon modèle d’articulation interprofessionnelle, la question de l’organisation est posée : faut-il une organisation intégrée ou au contraire une organisation séparée (les IPA entre elles) ? ;
> Dès lors, les cas de "mésusage" sont nombreux : faute de préparation, il n’y a pas toujours de poste à la sortie ; la dimension clinique se perd parfois au profit de tâches de coordination ou de simple délégation de tâches sans réelle autonomisation de l’IPA ; l’IPA est aussi parfois dans l’incapacité de faire son travail faute d’avoir accès aux outils informatiques adaptés.
> Le bilan sur le plan du temps soignant disponible pour traiter les problèmes du système de santé et apporter un bénéfice aux patients est en tout cas médiocre, puisque toute une partie des effectifs formés n’exercent pas en tant qu’IPA.