Quatre ans après la sortie du premier rapport qui avait mis en lumière de nombreuses inégalités et difficultés lors de l'entrée dans les études de santé de maïeutique, médecine, odontologie, pharmacie et kinésithérapie ("MMOPK"), rien ne semble avoir bougé. C'est en tout cas ce que révèlent les vice-présidents des six organisations étudiantes (Fnek, Anemf, Anepf, Unecd, Anesf et Fage)* réunis ce jeudi matin dans les locaux de la Fage, à Montrouge (Ile-de-France).

"La réforme Pass/LAS avait plusieurs objectifs. D'abord, elle devait permettre de diversifier le profil des étudiants et d'aller contre la sélection rencontrée par la Paces en les sélectionnant sur d'autres critères que le bachotage, indique Flore Greze, étudiante sage-femme et vice-présidente chargée des affaires de santé à la Fage. Mais nous nous rendons compte que la mise en place actuelle de la réforme ne permet pas d'atteindre pleinement ces objectifs. La réforme est très difficile à comprendre par les étudiants, mais aussi par les membres de l'Education nationale qui sont là pour orienter et guider les étudiants. Son application est également très hétérogène sur les territoires." Les propositions "fortes" soumises par les fédérations après la publication du rapport de 2020, soit un an après la mise en place de cette réforme, n'ont pas été adoptées, estime-t-elle. "La situation n'a fait que s'empirer, et nous arrivons à une situation dans laquelle nous avons besoin d'agir avec des solutions concrètes."

 

“Les étudiants se retrouvent seuls”

Les fédérations ont donc diffusé pendant un mois (du 3 octobre au 17 novembre 2023) un questionnaire auprès des étudiants des 36 universités proposant l'accès aux études de santé. Les résultats sont alarmants. "La pédagogie n'est pas du tout à la hauteur des attentes ; au niveau local, les étudiants ne sont pas impliqués comme ils devraient l'être dans la mise en place de la réforme. Ils se retrouvent seuls et les UFR n'ont pas les moyens de les accompagner", précise Flore Greze.

"Cette première année se voulait être une année de formation pour les futurs professionnels de santé et non pas une année de sélection, rappelle Louise Lenglin, première vice-présidente de la Fnek. Il était donc important de définir des objectifs d'évaluation autres que des cases à cocher. Pourtant, 75 % des universités ne proposent qu'une ou deux modalités d'évaluation écrite." Les QCM sont donc encore largement présents au sein de cette première année de formation.

Du côté des modalités pédagogiques, Louise Lenglin dénonce l'utilisation répétée de visionnage de capsules vidéo, ce qui est "bien loin des attentes pédagogiques des étudiants. L'épreuve orale à la fin de cette année de santé est aussi largement décriée. Cette épreuve manque de cadrage et d'harmonisation, que cela soit entre ou au sein d'une même faculté. Le contenu, les critères d'évaluation en fonction des jurys, la différence entre les questions posées, mais aussi le poids des oraux dans la sélection, peuvent être très différents d'une université à une autre." Louise Lenglin rapporte que dans plusieurs de ces unviersités, "des étudiants qui obtiennent pourtant de bons résultats à l'écrit, ne passent même pas les oraux, ce qui va à l'encontre de l'égalité des chances".

 

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