Une "solution" pour les uns, une "double peine" pour les autres. La "taxe lapin", une pénalisation financière voulue pour les patients qui n'honorent pas leurs rendez-vous afin de les "responsabiliser", divise au sein des professionnels de santé. "Quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye", avait déclaré le 30 janvier dernier, Gabriel Attal, dans son discours de politique générale. En France, 27 millions de créneaux médicaux seraient perdus chaque année, selon une enquête de l'URPS médecins d'Ile-de-France menée auprès de 2.000 praticiens en juillet 2022. Un chiffre confirmé au début de l'année 2024 par le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) et l'Académie de médecine. "6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous, ce qui correspond à une perte de temps de consultation de près de deux heures hebdomadaires pour le médecin quelle qu’en soit la discipline", avaient précisé les deux institutions au travers d'un communiqué commun

Face à ce constat et dans un contexte de pénurie médicale croissante, une proposition de loi a été déposée par des députés de la majorité, le 13 février dernier. Le texte permettrait ainsi aux médecins de déclarer, auprès de l’Assurance maladie, les patients fautifs, qui seraient ensuite sanctionnés par le directeur de la CPAM. Cependant, cette taxe est un sujet est considéré comme délicat parmi les professionnels de santé. "J’aurais l’impression d’infliger à mes patients une double peine en les faisant payer, les rendez-vous non honorés ne sont jamais malveillants, explique Marion Lassalle-Gérard, médecin généraliste et présidente CPTS du Vignoble Sud Loire Vignoble (Loire-Atlantique), à l'Hebdo de Sèvre & Maine. Si le patient ne vient pas, dois-je le dénoncer ? Je ne me vois pas livrer quelqu’un sous peine de ne pas s’être rendu à son rendez-vous médical." Pour la médecin, pas question de jeter la pierre aux "poseurs de lapin" qui sont généralement "des femmes battues, des personnes en grande précarité ou des personnes victimes d’isolement". Pour la présidente de la CPTS, les zones d’activités des professionnels, peuvent avoir un impact sur les rendez-vous non honorés. "En ville, il est plus simple de trouver un médecin. Ici, les cabinets sont moins disponibles et il est donc plus difficile d’obtenir un rendez-vous, alors il y a moins de consultations non honorées." 

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De son côté, Clémence Jerlin, kinésithérapeute à la maison de santé de la Haie Fouassière, révèle avoir trois à six lapins de manière hebdomadaire. "Une minorité de patients ne vient pas à ses rendez-vous, ne prévient pas, et ce, systématiquement", s'agace-t-elle, toujours auprès du quotidien local. "Un lapin peut faire perdre jusqu’à 1 h 30, et une centaine d’euros par semaine. Nous attendons de voir comment cela fonctionnera, mais j’espère vraiment qu’ils vont trouver une solution pour contrer ce problème." Si la professionnelle de santé ne compte pas sur cette taxe "pour gagner de l’argent", elle espère cependant que cela "responsabilisera les patients".  

 

[Avec l'Hebdo de Sèvre & Maine

 

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